L’omniprésence des Homo sapiens aujourd’hui sur la terre est surprenante. En effet, pour les périodes plus anciennes, le maître mot qui s’impose est : diversité ! Cette dernière est biologique mais aussi comportementale. Mais comment autant d’espèces ont-elles pu cohabiter ? Ouvrons la porte sur un monde en grande partie disparu. Et pour se donner une idée, regardons les interactions entre les primates actuels. Était-ce le cas il y a 2,5 Ma pour les Paranthropes et les premiers Homo ? Les systèmes de locomotion et de communication rendaient-ils possibles ces coexistences ? Est-ce une explication pour la variété des Homo erectus ? Quid des hybridations entre Homo sapiens, Néandertal et Dénisoviens ? Autant de questions auxquelles les spécialistes tentent d’apporter des réponses dans ce dossier coordonné par Amélie Vialet.
Au sommaire de ce dossier :
Du Miocène au Pliocène : Une diversité de primates en Eurasie
Regroupant les grands singes asiatiques (gibbons ou orangs-outans), les grands singes africains (gorilles et chimpanzés), ou encore l’homme, les hominoïdes (Hominoidea) se caractérisent par leur tronc redressé, qui leur permet de grimper aux troncs des arbres, et par la perte de la queue. Tout au long de leur histoire, ils se sont, comme les autres primates, diversifiés au gré des environnements, des climats et de la géographie des continents.
Paranthropes, australopithèques et premiers Homo en Afrique
Après plus d’un siècle de recherches paléoanthropologiques, l’hypothèse de Charles Darwin d’un berceau de l’humanité africain reste toujours pertinente, avec la présence d’hominines anciens tels que les australopithèques, les paranthropes et les premiers représentants du genre Homo sur ce continent. Tous illustrent une grande biodiversité passée avec l’existence de plusieurs genres et espèces dans de mêmes espaces géographiques et à des périodes similaires.
Définir une espèce : le cas Homo erectus / Homo ergaster
En paléoanthropologie, la notion d’espèce est difficile à appréhender car elle n’est pas biologique – au moins pour les formes anciennes qui nous intéressent ici et sur lesquelles l’ADN n’est pas préservé. La définition des espèces fossiles est donc liée à l’interprétation de la variabilité morphologique entre les spécimens, aux nouvelles découvertes et à la prise en compte des datations. Étude de cas.
Aux origines buissonnantes de Néandertal
Jusqu’où faut-il remonter dans le temps pour tenter de déterminer l’origine des Néandertaliens ? La question n’est pas simple parce que ceux que nous définissons sous ce terme sont les plus reconnaissables lorsqu’ils ont développé, autour de 70 000-55 000 ans, une série de caractères morphologiques particuliers. Or ce processus s’inscrit dans un temps long, raison pour laquelle on parle de « lignée néandertalienne ». Mais ce phénomène est-il vraiment linéaire ? Reprenons les faits.
La rencontre entre Néandertal et Homo sapiens en Europe occidentale
Avant l’arrivée d’Homo sapiens en Europe occidentale, d’autres humains, les Néandertaliens, peuplaient déjà cette région du monde. Ils y vécurent pendant près de 400 000 ans, connaissant une évolution morphologique et culturelle qui leur fut propre. Si quelques milliers d’années après l’arrivée d’Homo sapiens ils s’éteignent, les deux groupes cohabitent pendant plusieurs millénaires. Toutefois, la nature de leurs interactions et les facteurs ayant contribué à l’extinction de Néandertal restent à ce jour énigmatiques.
Chercheurs, enseignants-chercheurs et doctorants du Muséum national d’Histoire naturelle : Charlotte Antoine et Céline Bon (UMR 7206 Agène) ; Gilles Berillon, Florent Détroit, François Druelle, Pierre Gousset, Dominique Grimaud-Hervé, Thomas Ingicco, Sandrine Prat et Amélie Vialet (UMR 7194 HNHP & UPVD) ; Brigitte Senut (UMR 7207 CR2P) ; chercheuses post-doctorantes : Marion Laporte (Sorbonne Université, ISCD) ; Cyrielle Mathias (Institut d’Archéologie de l’Université de Tel-Aviv) ; Alexandra Schuh (Institut Max Planck d’anthropologie évolutionnaire, Leipzig)
Dossier à retrouver dans :
Archéologia n° 627 (janvier 2024)
Quand l’humanité était plurielle
81 p., 11 €.
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