
Baptisée « Les Choses », la nouvelle exposition du musée du Louvre propose de porter, à travers 170 œuvres datant de l’Antiquité à l’époque contemporaine, un regard nouveau sur l’histoire de la nature morte.
Dès la première salle le ton est donné : une myriade d’œuvres y sont confrontées, de Boltanski à un flacon chypriote du XVe siècle avant notre ère, d’un tableau de Georges de La Tour à des estampages des dalles en granite de Gavrinis, d’un relief funéraire égyptien à un extrait de film de Tarkoski. Cela pourrait ressembler à un absurde (mais poétique) inventaire à la Prévert et l’exposition à une vaste farce saugrenue. Et pourtant non. Le propos – nous faire découvrir « les choses » – fonctionne et au fil des 15 salles thématiques, le visiteur est amené à s’interroger sur ce que représentent tous ces objets, animaux, éléments naturels ou artificiels qui l’entourent, voire s’accumulent autour de lui au quotidien – toutes ces « choses » qui ne parlent pas mais en disent tant sur l’humanité…
Un genre loin d’être mineur
Conçue par l’historienne Laurence Bertrand Dorléac, l’exposition revient sur la longue tradition de la nature morte, un genre pictural longtemps considéré comme mineur, et pourtant loin de l’être. Les 170 œuvres du parcours, ponctué de citations – « Les choses n’ont pas de significations, elles ont une existence » (Fernando Pessoa) ou « Choses, choses, choses, qui en disent long quand elles disent autre chose » (Henri Michaux) –, convoquent tous les médias actuels (peinture, vidéo, sculpture, photographie, cinéma), de tous les continents et de toutes les époques. Une exposition qui pose plus de questions qu’elle n’apporte de réponses et qui, en ce sens, est formidablement réussie.

Éléonore Fournié
« Les Choses. Une histoire de la nature morte »
Jusqu’au 23 janvier 2023 au musée du Louvre
99 rue de Rivoli, 75001 Paris
Tél. 01 40 20 53 17
www.louvre.fr