Elle compose la moitié de l’humanité. Dit-on. Chez les Sapiens d’aujourd’hui comme chez les Erectus fossiles d’hier. Un destin qui se joue biologiquement à un « Y » près. Pour le reste, c’est une autre histoire qui ne tient ni à une comptabilité, ni à l’avant-dernière lettre de l’alphabet. Ce constat posé, est-elle un sujet pour l’archéologie ?
À grands cris, d’aucuns dénonceront dans ces lignes un inutile et agaçant billet féministe. Pourtant, sereinement, posément, intellectuellement, la question vaut la peine d’être posée. Doublement. Y compris en 2024, et pas seulement « le » jour annuel durant lequel elle tient la vedette.
Un sujet d’histoire
Comment l’archéologie aborde-t- elle « la » femme comme sujet d’histoire en s’appuyant sur la documentation immobile et muette que livre le terrain ? Et quels apports permet le laboratoire grâce à la paléogénétique ou à d’autres analyses ? Cette science de la matérialité a bien du mal à entrer dans la tête (et dans l’intimité) des femmes et des hommes du passé. Ce n’est pas une raison pour renoncer, pour ne pas essayer, tout en se méfiant de nos envies contemporaines qui nous font voir les sources au-delà de ce qu’elles disent et qui nous poussent à projeter des idéaux d’aujourd’hui dans des sociétés d’hier. En archéologie, il reste un chemin à explorer pour comprendre les femmes d’un lointain passé, et à accorder une (vraie…) place à celles du XXIe siècle qui font de l’archéologie leur domaine savant, au nom d’une connaissance à partager avec toutes les X et tous les Y de la planète !
Anne Lehoërff
Professeur des universités, CY Cergy Paris Université
« Femmes et archéologie. Un double regard », une conférence du cycle Archéologie dans la Cité, le 11 mars à 18 heures au musée de l’Homme.