On aurait tant aimé choisir « paix » pour ouvrir l’année. Mais elle est là, chargée de ses atrocités dites et montrées. À observer les comportements humains d’aujourd’hui, on peut s’interroger sur ceux d’hier. Et se questionner à bon droit sur ce que l’archéologie peut dire, ou non, de toutes les guerres, y compris des premières.
Longtemps, ce fut un sujet « d’histoire-bataille » que l’archéologie négligea, sauf ces conflits qui pouvaient confronter sources écrites et archéologiques, y compris ceux qui firent de Vercingétorix, chef de guerre vaincu, le premier héros de la France. À partir des années 1990, le paradigme changea, l’anthropologie ouvrit la voie : l’étudier n’était pas une affaire de militaires et de penseurs considérés comme réactionnaires ; c’était un sujet historique que l’archéologie ne pouvait plus éviter. Vingt-cinq ans plus tard, la guerre est partout et de manière plurielle. Majoritairement étudiée par des hommes.
Un champ récent de la recherche archéologique
Certains chercheurs, à partir des données archéologiques tangibles, posent des jalons sur la construction sociale de la guerre et la naissance des guerriers professionnels en parallèle d’une course à l’armement. D’autres veulent croire à une guerre des origines au plus profond de l’histoire de l’humanité dans des sociétés « égalitaires », au-delà des lacunes ou de la fragilité des sources, et en mobilisant des comparatismes ethnographiques comme preuves à l’appui de cette conviction. Champ récent de la recherche archéologique dans son ensemble, le sujet n’a pas fini d’y être débattu, nourri non seulement par des découvertes et des investigations, mais aussi par une réalité contemporaine qui ne semble tirer nul enseignement du passé et des études qui le racontent. Hélas.
Anne Lehoërff
Professeur des universités, CY Cergy Paris Université