Le bonheur est dans le pot ! Telle pourrait être la devise parodique de nombreux archéologues. À une lettre près, le mot est un pot. Un mot auquel le chercheur accorde toute son attention en l’appelant « céramique ». De l’argile, un dégraissant, un travail de fabrication et souvent de décoration, une (ou plusieurs) cuisson et le voilà !
Petit, grand, plat, haut, caréné, ventru, à ouverture carrée, avec un bec, une ou plusieurs anses, des perforations, une peinture, un vernis et moult détails. Le pot a mille recettes en sa panse. Pour l’archéologue, il constitue un repère, un indice, une preuve, une source merveilleuse au service de son enquête.
Fragile compagnon des sociétés humaines
Trace la plus répandue à l’échelle de l’histoire humaine depuis le Néolithique, il est une production attachée à un lieu et une époque, au plus près des sociétés humaines. Il évolue vite et accompagne de nombreux moments de la vie, en cuisine, dans la tombe, lors de cérémonies. Fragile, le pot se casse volontiers, il est alors abandonné plus souvent que réparé. Là, déposé, il devient fragment archéologique, source historique. Il raconte l’invention du stockage, de la batterie de cuisine, du mobilier funéraire, de l’objet d’exception. Lui, le pot et tous ses proches en argile cuite qui revêtent tant de formes variées au service des typo-chronologies. Lui, le pot qui se date en laboratoire. Lui, le pot source de création presque infinie à partir de ce que la terre, au sens premier, offre aux Sapiens. Lui, le pot (et son compère le bol) dont la présence est synonyme de chance. Y compris pour l’archéologue qui le met au jour !
Anne Lehoërff
Professeur des universités, CY Cergy Paris Université