Les milliers de kilomètres de cours d’eau qui font partie de notre paysage quotidien recèlent des vestiges doublement enfouis, sous les sédiments et sous les eaux, qui préservent remarquablement bien les matières organiques et des matériaux comme le bronze. Ce patrimoine méconnu, objet d’un intérêt récent de l’archéologie, témoigne des relations parfois teintées de crainte ou de vénération qu’ont entretenues les hommes avec les rivières et de l’exploitation d’un milieu fluvial très riche en ressources. De l’âge du Bronze à l’époque moderne, Archéologia vous présente les découvertes récentes et passionnantes issues de différents cours d’eau. Bonne navigation !
Dès le XIXe siècle et jusqu’à la fin du XXe siècle, un riche patrimoine fluvial est remonté à la surface à la suite de dragages parfois réalisés intensivement pour extraire des matériaux, des graviers et du sable. L’aménagement des voies d’eau pour la circulation des bateaux, dont le gabarit a augmenté au fil des ans, a également eu pour conséquence la découverte et la destruction concomitante de ces vestiges. Mais cette archéologie immergée ne s’est développée que récemment, tentant de rattraper un retard dans l’inventaire de sites fragilisés.
Les cours d’eau et le religieux dans le monde romain
L’étude des vestiges fluviaux permet de mieux cerner les pratiques rituelles et d’avancer sur la connaissance des cultes, rites et croyances relatifs aux cours d’eau dans les sociétés anciennes. Pour la période romaine, les données archéologiques, mises en relation avec les sources épigraphiques, littéraires et iconographiques, offrent une vaste documentation sur la perception des fleuves et des rivières par les communautés humaines.
Exploiter la force motrice de l’eau et les ressources
Les cours d’eau ont constitué des milieux attractifs pour les sociétés anciennes qui n’ont pas hésité à y installer des constructions, malgré les difficultés que cela comportait. Les vestiges archéologiques sont souvent liés à l’exploitation de la force du courant pour faire tourner des moulins et à la capture des poissons.
Naviguer sur les rivières
Les cours d’eau ont été utilisés pour transporter des marchandises et des passagers. Des embarcations de tous types, de la pirogue monoxyle aux grands bateaux assemblés, y ont navigué… et coulé, laissant aux archéologues l’opportunité de connaître l’évolution des techniques de construction navale. En voici des exemples récemment découverts.
Bâtir des ponts sur les rivières
Le développement des recherches archéologiques en milieu fluvial a révélé de nombreux édifices oubliés dont seules les fondations sont préservées sous les eaux. Même très érodés, ces vestiges livrent des données inédites sur les techniques de construction et l’évolution des réseaux routiers, depuis l’époque romaine jusqu’à la période moderne.
Lutter contre les crues et contrôler la Loire
Avec la dégradation climatique du petit âge glaciaire entre le XIVe et le XIXe siècle, l’intensité et la fréquence des crues et embâcles augmentent et les rivières changent de régime. Sur la Loire, les études géomorphologiques témoignent de l’ampleur des migrations du chenal et les archives conservent parfois la chronique de ces aléas ; on y litla crainte des riverains de voir ports, ponts, moulins ou pêcheries dégradés, voire abandonnés parle fleuve, et la multiplication des tentatives de contrôle avec le développement de différentes solutions d’ouvrages de contrainte.
Les auteurs de ce dossier sont : Annie Dumont, Philippe Bonnin, Bérenger Debrand, Morgane Cayre, Axel Eeckman, Denis Fillon, Marion Foucher, Anne Hoyau Berry, Noureddine Kefi, Catherine Lavier, Jonathan Letuppe, Philippe Moyat, Élise Nectoux, Sébastien Nieloud-Muller, Ronan Steinmann et Yann Viau
Dossier à retrouver en intégralité dans :
Archéologia n° 619 (avril 2023)
L’archéologie des fleuves et des rivières
81 p., 11 €.
À commander sur : www.archeologia-magazine.com