
Conservant la plus grande collection de sarcophages paléochrétiens après le Vatican, le musée d’Arles vient de voir ses collections magnifiées par un dépôt insigne du Louvre : le superbe sarcophage dit de Prométhée. Son iconographie particulièrement riche montre en effet l’un des mythes du titan : non pas celui du vol du feu, mais celui, très adapté à une sépulture, de la création de l’humanité, Prométhée façonnant, avec l’aide d’Athéna, le premier humain (à la gauche) avant que la défunte voilée (toute à droite) ne soit poussée vers le fleuve Styx (allongé). On sait peu de chose sur cette pièce en marbre hormis le fait qu’elle a sans doute été réalisée à Rome au IIe siècle ; découverte au XVIe siècle à Arles, elle est donnée en 1822 à Louis XVIII par les Arlésiens (d’où le fait qu’elle soit désormais au Louvre). Déposée pour une durée de 5 ans, cette cuve funéraire n’est pas présentée, comme l’on pourrait s’y attendre, dans la section des antiques mais tout à la fin de l’allée des sarcophages paléochrétiens ; en effet, le musée souhaite ainsi souligner la pratique extrêmement répandue à la fin de l’Antiquité du remploi des objets plus anciens. Car, en dépit de son décor païen (et soulignant peut-être la cohabitation et le respect entre deux systèmes de croyance), ce sarcophage a servi de caveau funéraire à l’une des plus importantes figures du christianisme provençal au Ve siècle : saint Hilaire, évêque d’Arles. Complété par son couvercle et son épitaphe, ce sarcophage à la dense histoire est de retour en ses terres.
Éléonore Fournié