
Au Kurdistan irakien, une vaste opération de fouilles d’urgence a lieu près de Kemune sur les bords du lac du barrage de Mossoul.
Englouti sous les eaux du Tigre depuis le début des années 1980, le site de l’antique Zakhiku a soudain refait surface en début d’année en raison d’importantes sécheresses touchant le pays et d’une baisse du niveau du réservoir. En 2018, des circonstances similaires avaient déjà permis aux chercheurs de mettre au jour les premiers vestiges de cette ville, centre important de l’empire du Mittani. Mal connu, ce dernier a dominé une partie du nord de la Mésopotamie et de l’actuelle Syrie entre le XVIe et le XIVe siècle avant notre ère, avant de sombrer sous les assauts assyriens.
Une course contre la montre
Menée par une équipe germano-kurde, dirigée par Hasan Ahmed Qasim, président de KAO (Kurdistan Archaeology Organisation), Ivana Puljiz, de l’université de Fribourg, et Peter Pfälzner, de l’université de Tübingen, cette course contre la montre a livré, outre le palais apparu en 2018, de larges fortifications flanquées de tours, des ateliers, un très vaste entrepôt de l’âge du Bronze donc, et plus d’une centaine de tablettes cunéiformes bien conservées (en cours de déchiffrement) de la période assyrienne. Cartographié, le site se serait étendu sur environ 6 hectares. Aujourd’hui l’eau douce recouvre à nouveau les vestiges, que les archéologues ont protégés avec des bâches et du gravier en attendant le prochain épisode de sécheresse…
Éléonore Fournié