L’art autrement : regards choisis sur l’art.

 

L’édito de Jeanne Faton : « Aller et retour Naples-Paris, et en attendant, voyage en France… »

Museo e Real Bosco di Capodimonte. Photo service de presse. © Per gentile concessione del MIC-Ministero della Cultura, Museo e Real Bosco di Capodimonte
Museo e Real Bosco di Capodimonte. Photo service de presse. © Per gentile concessione del MIC-Ministero della Cultura, Museo e Real Bosco di Capodimonte

Chères lectrices, chers lecteurs,

Depuis la nomination de sa nouvelle présidente-directrice, le Louvre dévoile peu à peu son programme : lors d’une conférence de presse le 14 juin dernier, Laurence des Cars, en présence de Sylvain Bellenger, directeur du musée de Capodimonte, a annoncé la venue à Paris en 2023 d’une soixantaine de chefs-d’œuvre du musée napolitain à l’occasion des travaux de rénovation de ce dernier. L’événement (car c’en est un – avec le prêt, par exemple, de la Flagellation du Christ de Caravage coïncide avec la rénovation du Hall Napoléon, celle, par tranche, de la Grande Galerie, tandis que la Petite Galerie – qui n’a jamais rencontré le public familial escompté – retrouvera dès l’automne prochain sa vocation de salle d’expositions temporaires en présentant des trésors archéologiques venus de Samarcande.

Michelangelo Merisi da Caravaggio, dit Caravage (1571-1610), La Flagellation, 1607. Huile sur toile, 286 x 213 cm. Naples, Museo e Real Bosco di Capodimonte. Photo service de presse. © Per gentile concessione del FEC-Fondo Edifici di Culto del Ministero dell'Interno
Michelangelo Merisi da Caravaggio, dit Caravage (1571-1610), La Flagellation du Christ, 1607. Huile sur toile, 286 x 213 cm. Naples, Museo e Real Bosco di Capodimonte. Photo service de presse. © Per gentile concessione del FEC-Fondo Edifici di Culto del Ministero dell’Internoravaggio Flagellazione di Cristo 1607-1608 olio su tela 286×213 cm Museo e Real Bosco di Capodimonte

Les têtes princières et couronnées à l’honneur

En attendant de pouvoir admirer ces chefs-d’œuvre napolitains et ouzbèques, l’été bat son plein avec une moisson d’expositions en France. Les têtes princières ou couronnées y sont à l’honneur : émouvante réunion de famille au musée de Chantilly, avec les petits Valois, sages comme des images sous les crayons délicats des Clouet ; Anne de France (vers 1461-1522) au musée Anne-de-Beaujeu à Moulins dans l’Allier : fille aînée et préférée de Louis XI, elle épouse à 12 ans Pierre de Beaujeu, de 23 ans son aîné, et devient la très habile régente du royaume de France durant la minorité de son frère Charles VIII, qu’elle maria à Anne de Bretagne. C’est la première fois qu’une exposition lui est dédiée avec de magnifiques œuvres, dont les somptueux manuscrits des ducs et duchesses de Bourbon prêtés par la BnF depuis le 17 juin dernier.

Jean Hey, Anne de France, dame de Beaujeu, duchesse de Bourbon, présentée par saint Jean l’Évangéliste, vers 1492-1493. Huile sur bois, 73 x 53 cm. Paris, département des Peintures du musée du Louvre. Photo service de presse. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Gérard BlotJean Hey, Anne de France, dame de Beaujeu, duchesse de Bourbon, présentée par saint Jean l’Évangéliste, vers 1492-1493. Huile sur bois, 73 x 53 cm. Paris, département des Peintures du musée du Louvre. Photo service de presse. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Gérard Blot
Jean Hey, Anne de France, dame de Beaujeu, duchesse de Bourbon, présentée par saint Jean l’Évangéliste, vers 1492-1493. Huile sur bois, 73 x 53 cm. Paris, département des Peintures du musée du Louvre. Photo service de presse. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Gérard BlotJean Hey, Anne de France, dame de Beaujeu, duchesse de Bourbon, présentée par saint Jean l’Évangéliste, vers 1492-1493. Huile sur bois, 73 x 53 cm. Paris, département des Peintures du musée du Louvre. Photo service de presse. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Gérard Blot

Rétrospectives estivales

Ailleurs, ce sont des rétrospectives anniversaires à ne pas manquer. Au Pays basque, la première exposition consacrée à Léon Bonnat (1833-1922) réunit quelque 80 œuvres, dont d’importants prêts du musée d’Orsay et du Petit Palais1. En Bretagne, Mathurin Méheut (1882-1958) est doublement célébré : dans le nouveau musée de sa ville natale, Lamballe, qui met en scène toutes les facettes de son talent, décorateur, peintre, illustrateur et céramiste au cours d’une carrière essentiellement parisienne ; au musée de Pont-Aven où, cette fois, « l’arpenteur » breton triomphe, avec une très jolie sélection de peintures et dessins.

Mathurin Méheut (1882-1958), Le Cirque, 1929. Caséine sur toile, 88 x 137 cm. Collection particulière. Photo service de presse. © Bernard Galéron
Mathurin Méheut (1882-1958), Le Cirque, 1929. Caséine sur toile, 88 x 137 cm. Collection particulière. Photo service de presse. © Bernard Galéron

Louis Gauffier à l’honneur à Montpellier

À Montpellier, au musée Fabre, un autre voyage se révèle, celui de Louis Gauffier (1762-1801) en Italie, puisqu’après l’obtention de son Prix de Rome, l’artiste y passa toute sa carrière ou presque. L’exposition dévoile un peintre à la sensibilité originale, précurseur du paysage en plein air, amoureux de l’archéologie dont il livre d’éblouissants détails dans ses scènes antiques ; elle réattribue aussi à sa femme Pauline Gauffier une œuvre qu’on lui donnait auparavant. Et comme souvent, contemporaine ou ancienne, la peinture incite ici à la réflexion : durant son bref retour à Paris, Gauffier assista, en 1789, à la délégation des épouses Suvée, David, Lagrenée, Vien… venues à Versailles offrir à l’Assemblée leurs bijoux pour renflouer la dette publique ; elles rejouaient un épisode de l’histoire romaine, où les citoyennes vertueuses avaient, elles aussi, abandonné leurs parures à la République. Touché, Gauffier peignit alors La Générosité des femmes romaines qu’il exposa au Salon de 1791.

Louis Gauffier, La Générosité des femmes romaines, 1790. Huile sur toile, 82 x 113 cm. Poitiers, musée Sainte-Croix, dépôt du musée du Louvre. © Musées de Poitiers / Christian Vignaud
Louis Gauffier (1762-1801), La Générosité des femmes romaines, 1790. Huile sur toile, 82 x 113 cm. Poitiers, musée Sainte-Croix, dépôt du musée du Louvre. © Musées de Poitiers / Christian Vignaud

Notre nouveau site internet

Chère lectrice, cher lecteur, un excellent été : vous trouverez sur ce nouveau site internet www.actu-culture.com toute l’actualité de ces expositions, ainsi que dans le mini-guide qui accompagne le numéro. Et puisse, à la rentrée, l’histoire se répéter, et une file se former devant le Palais Bourbon, où nos très hétérogènes député(e)s viendront déposer, pour les uns, leur précieux ego, et pour les autres, leur inestimable bonne volonté… pour légiférer et gouverner de manière vertueuse !

Jeanne Faton

1 L’Objet d’Art lui consacrera un article dans son numéro de septembre.


À lire et commander sur www.faton.fr :

Anne de France. Femme de pouvoir, princesse des arts, 192 p., 29 €.
LObjet d’Art hors-série n° 161, 64 p., 10 €.
Mathurin Méheut. Arpenteur de la Bretagne, 208 p., 29 €.
Clouet. À la cour des petits Valois, collection Les Carnets de Chantilly, 96 p., 22 €.

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