
Découverte à l’orée du XXe siècle, au large de l’île grecque d’Anticythère, cette épave avait livré de nombreux trésors lors de ses premières fouilles. Depuis l’automne 2021, profitant de nouvelles technologies haut de gamme, une équipe internationale a repris les recherches subaquatiques sur le site du naufrage, perçant peu à peu les secrets du navire englouti.
Le navire a fait naufrage vers 60 avant notre ère au large de l’île de la mer Égée. La découverte de son épave par des plongeurs d’éponges marqua, en 1900, le début de la recherche archéologique sous-marine dans la Méditerranée. Un important nombre de sculptures en bronze et en marbre, souvent fragmentaires et endommagées par la mer, mais aussi des poteries, des verres, des bijoux et des monnaies furent alors récupérés avec des éléments d’équipement du bateau. Des morceaux d’un instrument à engrenages – capable d’effectuer des calculs astronomiques complexes –, mondialement connu sous le nom du « mécanisme d’Anticythère », furent également remontés à la surface. Cette pièce unique, créée au IIe siècle avant notre ère, est aujourd’hui conservée au musée national archéologique d’Athènes, avec les œuvres sculptées et une partie des objets provenant de l’épave. Deux expositions temporaires, dont l’une à Athènes en 2012 et l’autre à Bâle en 2015, ont rappelé au public l’importance incomparable de l’épave d’Anticythère.

Des premières fouilles à 2019
Après une exploration du site en 1953 par Jacques-Yves Cousteau, ce dernier entreprit avec l’archéologue Lazaros Kolonas en 1976, à l’invitation du gouvernement grec, une courte fouille sous-marine dans le cadre de la réalisation du film documentaire L’Odyssée sous-marine de l’équipe Cousteau : Le Butin de Pergame sauvé des Eaux, diffusé en 1978. Cette opération mena à la découverte de nouveaux objets antiques, de restes humains et d’une partie de la coque du navire. De 2012 à 2019, les recherches archéologiques sur le site furent renouvelées par une équipe internationale dirigée par Angeliki Simosi, alors directrice de l’Éphorie des antiquités sous-marines et aujourd’hui directrice de l’Éphorie des antiquités d’Eubée du ministère grec de la Culture et des Sports. Au cours de ces investigations, l’épave fut relocalisée et le site cartographié à l’aide de moyens numériques et géophysiques (sonar multi-faisceaux, véhicule sous-marin autonome, etc.), permettant l’établissement d’une carte bathymétrique géoréférencée, tandis que des fouilles ponctuelles mettaient au jour plusieurs nouveaux éléments de la cargaison et du navire.
Deux nouvelles campagnes depuis 2021
Après une interruption de deux ans et à l’invitation du ministère grec de la Culture et des Sports dirigé par Lina Mendoni, l’École suisse d’archéologie en Grèce a repris l’étude du site de l’épave, sous l’égide de Lorenz E. Baumer, de l’université de Genève, en codirection avec Angeliki Simosi, et avec le concours de Carlo Beltrame de l’université Ca’ Foscari de Venise. Deux campagnes de fouilles ont déjà eu lieu, l’une de prospection, en octobre 2021, et l’autre de fouille, de la mi-mai à la mi-juin 2022. Le projet a été soutenu par la Fondation Aikaterini Laskaridis, alors que la Fondation Athanasios Laskaridis a mis à disposition le navire Typhoon et son équipe. Comme ce fut déjà le cas pour les précédentes missions, la société horlogère suisse Hublot a continué son apport financier et technique via son département de recherche et développement. L’opération bénéficie également du soutien de plusieurs personnalités et sociétés grecques. Le corps des garde-côtes de la police portuaire du ministère de la Marine et de la politique insulaire a mis enfin à disposition des plongeurs qualifiés qui complètent l’équipe des archéologues.
Angeliki Simosi, directrice de l’Éphorie des antiquités d’Eubée du ministère grec de la Culture et des Sports
Lorenz E. Baumer, professeur à l’université de Genève

Article à retrouver en intégralité dans :
Archéologia n° 614 (novembre 2022)
La civilisation de l’Indus. Les 100 ans de Mohenjo-daro
81 p., 11 €.
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