
Cet été, c’est à partir des hauteurs de l’oppidum d’Ensérune que l’on rejoindra les steppes de Mongolie. En effet, la nouvelle exposition orchestrée par le Centre des monuments nationaux au musée du site archéologique gaulois nous invite à découvrir les centaines de stèles en granite érigées dans l’Altaï à l’âge du Bronze final, entre 1300 et 700 avant notre ère.
Appelées « pierres à cerfs », car gravées de motifs de cervidés, elles ont été façonnées par des tribus nomades de Haute Asie – dont le premier empire des steppes et Gengis Khan seront les héritiers et dont certains traits culturels (notamment ceux liés aux pratiques équestres et à l’archerie) semblent avoir perduré jusqu’à nos jours. C’est le fruit des recherches menées conjointement depuis 2006 par les archéologues de Mongolie (de l’université nationale et de l’Académie des sciences) et l’équipe du musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco sur le site de Tsatsyn Ereg, à 500 kilomètres à l’ouest d’Oulan-Bator, qui permet de mieux saisir le quotidien de ces populations nomades, dont l’imaginaire échappe aujourd’hui à nos esprits devenus sédentaires et cartésiens…
Bouclier en bois
Ce bouclier en bois est le mieux conservé de toute la Haute Asie. Il date sans doute du IVe siècle avant notre ère, mais ce type d’arme de défense a été utilisé au moins dès le VIIe siècle avant notre ère. Il est représenté sur la « pierre à cerfs » n° 20 du site de Tsatsyn Ereg, auprès de cerfs bondissants et non loin d’autres armes – comme un arc, une lame de hache en bronze, un poignard ou un crochet – représentées dans un style plus schématique que celui des animaux. La comparaison entre cette représentation et les objets découverts en fouille permet de préciser l’identité culturelle des populations qui ont érigé les stèles.

Applique en bronze représentant un cheval
Cette plaque figure un cheval, les pattes repliées sous le corps, en pleine course. Des stries parallèles très marquées matérialisent les poils de la crinière et de la queue. Le cheval est le seul animal domestique représenté dans l’art des steppes. Le motif du cheval dit « au galop volant » y est un motif iconographique récurrent, de la Mongolie aux rives de la mer Noire. Cet objet a probablement été réalisé selon la technique de la fonte à la cire perdue pour être cousu sur des vêtements.

Pierre à cerfs no 20
L’exposition présente le moulage des quatre faces de cette stèle en granite, permettant de mieux comprendre l’organisation de son décor. Ce dernier est constitué de gravures de cerfs mâles, porteurs de grands bois stylisés. La hauteur moyenne de ces pierres, pesant plusieurs centaines de kilos, est d’environ 1,80 mètre, même si certaines peuvent dépasser les 4 mètres. Comme celle-ci, elles ont généralement une section rectangulaire d’environ 60 par 30 centimètres. Si la plupart figure des animaux, des armes et des motifs géométriques, un tout petit nombre d’entre elles (environ 5 %) comporte un visage en leur sommet.


À retrouver en intégralité dans :
Archéologia n° 622 (juillet-août 2023)
Délos, le miracle grec, 150 ans de fouilles
81 p., 11 €.
À commander sur : www.archeologia-magazine.com
« Esprits des steppes. Art des nomades de Mongolie »
Du 17 juin 17 septembre 2023 à l’oppidum et musée archéologique d’Ensérune
34440 Nissan-Lez-Ensérune
Tél. 04 67 32 60 35
www.enserune.fr