Les alignements de Carnac ou le Grand Menhir de Locmariaquer sont mondialement connus. Mais ils font partie d’un plus vaste paysage cernant les berges du golfe du Morbihan, qui vit au Néolithique l’édification de structures monumentales et des pratiques symboliques tout à fait singulières. Depuis plusieurs années, l’association Paysages de mégalithes de Carnac et du Sud Morbihan œuvre à son inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO Archéologia consacre son grand dossier estival au sujet et présente les plus insignes de ces monuments de pierre.
Le sud du Morbihan, autour du golfe du Morbihan et de la baie de Quiberon jusqu’à la ria d’Etel, conserve une quantité et une diversité de mégalithes universelles et exceptionnelles (selon la terminologie de l’Unesco), structurant un paysage à vocation symbolique et durable. Si le mégalithisme est connu partout dans le monde, relevant de sociétés et d’époques différentes, les monuments du sud du Morbihan sont directement connectés aux premières populations agropastorales du Néolithique, entre 5000 et 2500 ans avant notre ère. Ils comptent, en l’état actuel des données, parmi les plus anciennes architectures de ce type.
Le tumulus de Tumiac
Aujourd’hui situé à l’entrée de la commune d’Arzon, c’est l’un des monuments majeurs du territoire. Curiosité du paysage, cette structure se présente comme une imposante colline tronconique. Ses dimensions sont colossales : 60 mètres de diamètre et 15 mètres de haut. Ce grand tombeau a livré des objets prestigieux : des haches en jadéite et des perles en variscite (aujourd’hui conservées au musée de Vannes). Ce monument, classé au titre des monuments historiques depuis 1923, constitue l’un des trois tumuli géants (carnacéens) du territoire, avec le tumulus Saint-Michel à Carnac et le tumulus de Mané er Hroëck à Locmariaquer.
Petit Mont
Au XIXe siècle, à Arzon toujours, le tumulus, recouvrant deux dolmens au pied du versant nord, faisait entre 8 et 10 mètres. Pendant la Seconde Guerre mondiale, alors qu’un bunker y est installé, un troisième dolmen aux parois entièrement sculptées est découvert, dans un style qui n’est pas sans rappeler celui de Gavrinis. De vastes fouilles sont entreprises dans les années 1980 et permettent de mieux comprendre le site, ses phases de construction et sa réoccupation à l’époque gallo-romaine. Ce programme de fouilles donna lieu à une restauration du monument, afin de permettre la visite par le public. Les éléments du bunker ont été conservés et la vue sur le golfe depuis la terrasse y est incomparable.
Alignements de Carnac
Les célèbres alignements de Carnac se présentent en trois groupes, de l’ouest à l’est : le Ménec, Kermario et Kerlescan. Avec les alignements du Petit Ménec à la Trinité-sur-Mer, qui constituent leur prolongement, ils s’étendent sur près de 4 kilomètres de long. Loin d’être les seuls alignements du sud du Morbihan, ils sont ceux qui, avec leurs 3 000 stèles dans un paysage plutôt dégagé, ont le plus marqué les esprits. Leur signification fait l’objet de nombreuses théories depuis le XVIIIe siècle et leur interprétation reste un défi pour les scientifiques. Les alignements de Carnac sont accessibles de manière alternée en période hivernale et sur visites guidées lors de la saison estivale.
Gavrinis
Le cairn de Gavrinis doit sa renommée aux gravures qui couvrent la surface de 23 de ses orthostates (bloc ou dalle verticaux formant l’assise inférieure d’un mur). Les derniers travaux sur les signes gravés nous éclairent sur la complexité de ces gravures, tant sur leur exécution que leur signification et l’évolution des signes au cours du Néolithique. La dalle de couverture de la chambre est constituée d’un fragment de monolithe qui devait faire partie de l’alignement du Grand Menhir de Locmariaquer. Cette découverte du début des années 1980 a appuyé l’idée que des liens forts et complexes existaient entre les différents monuments au Néolithique. Le cairn de Gavrinis constitue l’un des joyaux préhistoriques du golfe du Morbihan et n’a aucun équivalent au monde.
Éléonore Fournié
Dossier à découvrir en intégralité dans Archéologia n° 611, juillet-août 2022.