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Les plus anciens cavaliers retrouvés

© Éric Le Brun
© Éric Le Brun

Depuis quand l’Homme monte-t-il les chevaux ? L’étude de squelettes découverts en Roumanie, Bulgarie et Hongrie fournit un âge minimal : entre 3021 et 2501 avant notre ère. C’est la plus ancienne trace archéologique connue d’une pratique de l’équitation.

Les « Yamnas » sont un peuple mystérieux. Nomades des steppes pontiques d’Europe de l’Est, autour de la mer Noire, ils nous ont laissé leurs kourganes, célèbres tumuli funéraires ou « tombes à fosse ». Ils auraient émigré à la fin du Néolithique, pour échapper à une épidémie de peste (?), et leur progression vers l’ouest aurait favorisé l’émergence des céramiques dites cordées. Les « Yamnas » ont apporté une variante des gènes LC24A5 et SLC45A2, codant pour une peau claire, des cheveux et des yeux foncés, et d’autres gènes pour une grande taille.

Du mythe à la réalité

Porteurs de l’haplogroupe R1b, situé sur le chromosome Y, donc transmis par les hommes, ils seraient également à l’origine d’un profond remplacement de populations (cet haplogroupe devenant majoritaire à la charnière du Néolithique et de l’âge du Bronze), que certains auteurs ont interprété, un peu vite, comme la conséquence de génocides ou de massacres, consécutifs à une invasion de guerriers qui se seraient ensuite appropriés les veuves et leurs filles. Les « Yamnas » seraient ainsi ce fameux peuple conquérant des steppes, qui aurait apporté avec lui la langue indo-européenne et le patriarcat ! Et comment auraient-ils réussi cet exploit ? Grâce à leurs chevaux, car c’étaient sûrement d’excellents cavaliers. On voit ici resurgir le mythe des « Grandes Invasions » ou du « Grand Remplacement », sérieusement relativisé pour la fin de l’Empire romain, mais qui est régulièrement recyclé pour des périodes plus anciennes – ou plus récentes. Rappelons d’abord que, selon Jean-Paul Demoule, le terme « yamna » serait impropre ; il dériverait de l’utilisation abusive de l’adjectif russe yamnaya, formé à partir du mot yama, désignant la fosse. De plus, innovations et personnes peuvent circuler de proche en proche, par des contacts commerciaux ou matrimoniaux ; enfin la rapidité de leur diffusion doit être sérieusement relativisée à l’aune de l’écoulement des siècles : inutile d’imaginer des hordes déferlant sur l’Europe !

Jacques Daniel

À retrouver en intégralité dans :
Archéologia n° 620 (mai 2023)
Phéniciens, dernières découvertes
81 p., 11 €.
À commander sur : www.archeologia-magazine.com

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