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Leyde à l’heure romaine

Mobilier provenant d’une tombe romaine à Heerlen, vers 175-250 de notre ère. © Rijksmuseum van Oudheden
Mobilier provenant d’une tombe romaine à Heerlen, vers 175-250 de notre ère. © Rijksmuseum van Oudheden

Doublet gagnant pour le très beau musée de Leyde aux Pays-Bas. Ses deux nouvelles expositions estivales nous proposent un voyage en Antiquité, d’abord au cœur des villae agricoles qui parsemaient la province du Limbourg, puis à Paestum, au sein d’un des plus fameux temples de Grande Grèce.

Peu le savent en France mais le phénomène des grandes villae agricoles (rustica), que nous avons connu sur notre territoire, a aussi essaimé aux Pays-Bas, où l’Empire romain s’était implanté.

Très riches exploitations

Depuis le XIXe siècle, plus de vingt (très riches) établissements de ce type sont sortis des terres méridionales du Limbourg, stimulant une dense recherche universitaire et scientifique sur le sujet. C’est donc l’objet de la première exposition du musée, qui nous révèle l’importance et la complexité de ces immenses exploitations, comprenant entrepôts, maisons, écuries, ateliers, jardins d’agrément et vastes terres arables. Alimentant la région en grains, elles nourrissent, du Ier au IIIe siècle, les antiques Coriovallum (Heerlen), Colonia Ulpia Traiana (Xanten) et Colonia Claudia Ara Agrippinensium (Cologne), ainsi que les soldats cantonnés le long du limes. Les propriétaires décorent leur demeure dans le style méditerranéen classique, avec thermes et chauffage hypocauste (par le sol), mosaïques et peintures, voire, pour certains, en se faisant incinérer sur leurs terres. Regroupant des pièces souvent dispersées entre différents musées, le parcours nous conte, au fil de 200 magnifiques objets, de restitutions 3D ou d’un film, la vie des nombreux Romains (hommes et femmes, maîtres comme esclaves) qui peuplaient ce monde rural.

Paestum la divine

Quant à la seconde exposition, elle s’inscrit dans la série de manifestations du musée dédiées aux villes antiques célèbres (après Pétra, Carthage, Ninive, Byblos) en s’intéressant plus particulièrement à Paestum. Organisée en collaboration avec le musée et parc archéologique de Paestum et Velia, elle nous immerge, grâce à des prêts exceptionnels, dans l’histoire de la cité de Poseidonia (son nom avant qu’elle soit baptisée par les Romains Paestum), fondée vers 600 avant notre ère par les Grecs sur les terres fertiles de Grande Grèce (le sud de l’Italie), dans la baie de Salerne. Connue pour ses temples, la cité entière voue un culte à la triade des déesses Héra, Athéna et Aphrodite – fédérant alors une population d’une très vaste diversité culturelle et ethnique. Devenue un marais au IIIe siècle, la ville, touchée par la malaria, est abandonnée. Parmi les chefs-d’œuvre, nous aurons plaisir à contempler, outre le cortège de bronzes et marbres, de verreries fines et de monnaies, une sculpture d’Héra et huit fresques funéraires issues des tombes de l’élite. Quand l’Antiquité gallo-romaine rayonne aussi entre Amsterdam et La Haye.

Vue du temple de Paestum. © Rijksmuseum van Oudheden
Vue du temple de Paestum. © Rijksmuseum van Oudheden

Éléonore Fournié


« Roman villas in Limburg » et « Paestum. City of Goddesses »
Jusqu’au 25 août 2024 au Rijksmuseum van Oudheden
Rapenburg 28, 2311 EW Leyde, Pays-Bas
Tél. 0031 71 516 3163
www.rmo.nl

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