![© Valorie Gô](https://www.actu-culture.com/wp-content/uploads/2024/02/Objet-03-edited.jpg)
Si l’emballage est aujourd’hui plutôt relégué au rang de déchets, il a vocation pourtant, quels que soient le matériau et la technique employés, à protéger, à embellir, voire à être réemployé. Depuis six ans, le musée d’Archéologie nationale (MAN) mène un vaste chantier sur ses collections afin de mieux les conserver. La plupart des objets sont arrivés dans des emballages insolites, qui sont autant d’instantanés d’une époque, d’une industrie, d’une société, voire d’une personnalité : boîtes de caramels, de médicaments, caisses de primeurs, vieilles revues, etc. De prime abord, ils auraient pu être jetés car ne répondant plus aux normes de conservation. Mais leur caractère ancien, leur typologie et leur variété ont entraîné les équipes du musée dans une vaste collecte ! La boîte de la marque « Vitos » présentée ici nous emmène dans les années 1930…
En novembre 2022, la régie des collections du MAN s’intéresse, dans la réserve des collections d’archéologie comparée, à un site du Moyen-Orient, dont le produit des fouilles est rangé dans plusieurs boîtes anciennes. La numéro trois, en carton jaune vif, de 20 x 8 x 6 cm, attire notre attention.
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Bas ou chaussettes ?
Elle présente deux losanges noirs qui surplombent un nom, « Vitos », la tranche de la boîte portant une étiquette blanche avec notamment un numéro de série (7327), la mention de la taille (6 ans) et le nombre de paires (3). Fondée à Troyes, au XIXe siècle, par l’ingénieur Léon Vitoux, cette entreprise française et familiale produit des bas, des chaussettes fantaisies puis du prêt-à-porter. Son fils Marcel invente, en 1925, une machine à remailler les bas en soie et en nylon. L’entreprise Vitoux devient alors Vitos. Si le procédé est développé auprès des professionnels de la bonneterie, il équipe les femmes des années 1960. Devenant « remailleuses à domicile » et démonstratrices de la marque, elles peuvent réparer, à moindre frais, un produit qui n’a pas encore été supplanté par le collant. Cette boîte « Vitos », qui contenait des bas ou des chaussettes, connaît toutefois un tout autre usage puisque l’archéologue, ou son entourage, a jugé bon de la réemployer pour contenir vingt-trois fragments d’os de gazelle !
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Une gazelle du Paléolithique
Le vif animal nous transporte au Paléolithique, au Proche-Orient, du côté de la Palestine et d’Israël dans la région du mont Carmel, comme cela est inscrit dans la liste manuscrite (de l’archéologue ou de la donatrice ?) sur le dessus de la boîte. Les os décrits, dont trois métapodes (fragment de patte), un tibia et quatorze fragments divers, ont été travaillés pour servir d’outillage (apointés, striés, sciés), notamment de poinçons. Nous détenons également les cornes de l’animal dans une autre boîte, des biscuits à la cuillère « Les Trois Chatons ». Très présente dans la région, la gazelle des montagnes semble avoir été le gros gibier chassé pour l’alimentation.
Delphine Peschard
Chargée d’études documentaires, responsable de la régie des collections
Musée d’Archéologie nationale – Domaine national de Saint-Germain-en-Laye
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À retrouver en intégralité dans :
Archéologia n° 628 (février 2024)
Mystérieux cerfs-volants du désert
81 p., 11 €.
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