
Le musée dauphinois de Grenoble décrypte, à travers la riche collection du conservateur Jean-Marcel Humbert, la fascination occidentale pour l’Égypte ancienne.
Comme le souligne Franck Philippeaux, commissaire de cette nouvelle exposition, « l’égyptomanie est l’art de récupérer, de détourner des codes graphiques et symboliques issus de l’Égypte ancienne » : cela y ressemble mais ce n’est pas l’Égypte ancienne – à l’image de ces hiéroglyphes qui ne veulent rien dire ou ces trônes pharaoniques fabriqués… en Chine ! Là, peu importe la valeur historique des objets : ce qui compte, c’est leur valeur symbolique (retrouver la grandeur et le mystère rattachés à cette Antiquité). Si ce phénomène, qui existe depuis la Rome antique, a flamboyé après la campagne d’Égypte, le déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion, ou encore la découverte du tombeau de Toutânkhamon, il atteint, dans la pop culture du XXe siècle, des sommets.
Égypte et cinéma
En témoigne la collection de 300 références, constituée par Jean-Marcel Humbert, conservateur général honoraire du patrimoine, ici mise en lumière. Intéressant, le parcours aborde les raisons et les mécanismes qui motivent cette réappropriation, à l’échelle des individus et, plus largement, de la société. Une section plus particulièrement dédiée au cinéma (pharaons, pharaonnes, dieux zoomorphes, momies, pyramides et désert étant propices aux histoires et aux décors) souligne que cette « manie » n’est pas prête de s’arrêter, tant tout est fait pour qu’elle soit entretenue…
Éléonore Fournié
« Egyptomania. La collection Jean-Marcel Humbert »
Jusqu’au 27 novembre 2023 au musée dauphinois
30 rue Maurice Gignoux, 38000 Grenoble
Tél. 04 57 58 89 01
https://musees.isere.fr