Les 8 et 10 septembre, le Maroc et la Libye ont été touchés coup sur coup, l’un par un fort séisme, l’autre par une violente tempête entraînant la rupture de deux barrages et de gigantesques inondations. Ces catastrophes humanitaires dont les victimes se comptent par milliers sont aussi dévastatrices pour le patrimoine. Premier état des lieux.
La priorité est aujourd’hui à l’aide humanitaire et le bilan complet ne sera réalisé qu’une fois la première phase d’extrême urgence terminée. Mais de premières informations remontées du terrain font état de graves dommages pour le patrimoine. Si, au Maroc, les secousses sismiques ont été ressenties dans tout le pays, c’est la ville de Marrakech et sa région qui ont été le plus sévèrement touchées. Le minaret de la Koutoubia, mosquée du XIIe siècle construite par les Almohades, s’est largement fissuré ; celui de la mosquée Kharbouch sur la principale place de la ville – la place Jmaa el-Fna – s’est lui en partie effondré. L’ensemble de la médina médiévale, inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco (2009), s’est couvert de hauts tas de gravats, notamment dans l’ancien quartier juif du Mellah. Les remparts du XIIe siècle se sont écroulés en différents endroits.
Le patrimoine de toute une région touché
Dans la région, deux sites majeurs ont été dramatiquement atteints : la mosquée de Tinmel, typique de l’époque almohade (1147-1269), avec son décor à entrelacs géométriques et ses coupoles ornées de muqarnas (nids d’abeille), désormais effondrées, et le ksar d’Aït-Ben-Haddou, village fortifié situé sur une ancienne route caravanière. Au-delà de ces monuments emblématiques, il est à craindre que les villages en pierre et en pisé du Haut Atlas, qui constituent tout un patrimoine vernaculaire, n’aient pas non plus résisté.
La tempête Daniel en Libye
En Libye, la tempête Daniel qui a touché la côte orientale a été particulièrement dévastatrice à Derna, ville qui a été successivement grecque, romaine, byzantine et ottomane. Le site antique de Cyrène, déjà menacé par les conflits et inscrit depuis 2016 sur la liste des sites en péril, a été recouvert par les eaux.
Alice Tillier-Chevallier