Amsterdam : le musée Van Gogh pourrait-il fermer ses portes ?

Le ton est monté fin août entre la directrice du musée Van Gogh, Emilie Gordenker, et le ministère néerlandais de la Culture, de l’Éducation et des Sciences. Le musée amstellodamois reproche à l’État de ne pas respecter les termes de l’accord passé en 1962, à la fondation du musée, avec le neveu du peintre, Vincent Willem van Gogh.

L’État s’était alors engagé à fournir les ressources nécessaires à la construction et à la maintenance d’un bâtiment accueillant les collections – plus de 200 peintures, 500 dessins et 900 lettres, ainsi que des œuvres achetées par Van Gogh à d’autres peintres –, en échange de leur transfert de propriété de Vincent Willem van Gogh, unique héritier, à la Van Gogh Foundation, créée pour gérer le musée. Pour Emilie Gordenker, le pacte est aujourd’hui rompu : « Si cette situation perdure, elle sera dangereuse pour l’art et pour nos visiteurs », a déclaré la directrice du musée au New York Times, affirmant qu’elle n’aura pas d’autre choix que de fermer le bâtiment.

Les millions de visiteurs qui arpentent chaque année les salles ne s’en rendent pas compte, car tout est fait pour les maintenir dans le meilleur état possible, mais le bâtiment nécessite d’importants travaux. Ouvert en 1973 sur le Museumplein, non loin du Rijksmuseum, le musée dessiné par l’architecte et designer Gerrit Rietveld, auquel une extension signée Kisho Kurokawa a été ajoutée en 1999, a depuis attiré 57 millions de visiteurs, devenant l’un des sites les plus visités des Pays-Bas.

Une salle du musée Van Gogh, à Amsterdam. Photo service de presse. © Jelle Draper

En 2024, un comité indépendant a publié un rapport exprimant ses inquiétudes, les conditions d’accessibilité et de sécurité n’étant, selon lui, plus assurées. Comme le précise le musée, « la plupart des installations techniques ont atteint la fin de leur durée de vie opérationnelle, sont obsolètes et de plus en plus difficiles à entretenir en raison du manque de pièces de rechange. Par conséquent, la maintenance continue n’est plus réalisable et les systèmes doivent être remplacés. De plus, des améliorations en matière de durabilité sont obligatoires pour tous les bâtiments publics néerlandais à partir de 2024, ce qui nécessite des modifications importantes et coûteuses des installations. »

Les Tournesols font partie des œuvres confiées au musée par Vincent Willem van Gogh, le neveu de l’artiste. Photo service de presse. © Van Gogh Museum, Amsterdam (Vincent van Gogh Foundation)

Afin d’atteindre ces objectifs, le musée a établi un plan, le Masterplan 2028, dont il a évalué le financement à 104 millions d’euros. Problème : le ministère de la Culture ne fait pas la même estimation et considère que le musée, en cumulant les subventions actuelles et ses fonds propres, a les moyens de le mettre en œuvre. « La subvention pour l’hébergement du musée Van Gogh est un montant fixe, corrigé de l’inflation chaque année. Elle est calculée selon une méthodologie commune à tous les musées nationaux », a-t-il indiqué dans un communiqué.

La salle des autoportraits de Van Gogh, à l’entrée du musée. Photo service de presse © Jelle Draper

C’est ce que conteste Emilie Gordenker, expliquant que les ressources propres du musée et la subvention annuelle, d’un montant d’environ 8,5 millions d’euros, ne suffiront pas à compenser une situation exceptionnelle : la fermeture partielle du musée à partir de 2028. Le musée a demandé une augmentation de 2,5 millions d’euros de sa subvention pour financer notamment la réparation de son système de climatisation et de ses ascenseurs et améliorer la sécurité incendie. Les négociations étant dans l’impasse après plus de deux ans de discussions, il a lancé une procédure judiciaire contre l’État. Affaire à suivre le 16 février 2026.