L’épave d’Anticythère, longtemps plongée dans l’obscurité, s’est retrouvée sous les feux de la rampe grâce au récent film Indiana Jones et le Cadran de la Destinée. Mais, au-delà du glamour cinématographique, une équipe d’experts internationaux, comprenant des archéologues, des plongeurs, des ingénieurs et des spécialistes en sciences physiques et naturelles, mène des fouilles minutieuses sur ce site historique. Bilan d’une année riche en découvertes.
Nous vous en parlions l’année dernière (voir Archéologia n° 614, novembre 2022), ce navire qui a sombré au large de l’île grecque ne cesse de livrer ses trésors depuis les premières fouilles du début du XXe siècle. Au cours de cette année, des avancées significatives ont été réalisées dans la compréhension de la structure, de la stratigraphie, de l’épave elle-même et de sa cargaison précieuse. Grâce à l’utilisation de drones télécommandés et à la capture numérique par les plongeurs, les données ont été traitées quotidiennement à l’aide d’un logiciel de modélisation 3D, offrant une visualisation précise du site. Toutes les découvertes ont été méticuleusement documentées et intégrées dans un système d’information géographique (SIG), facilitant l’analyse spatiale et temporelle des découvertes. Les chercheurs visent à élucider les circonstances entourant le naufrage, en étudiant la préservation de l’épave, son positionnement, son itinéraire potentiel et sa cargaison. Les données de ce projet comprennent des informations remontant aux premières fouilles de 1900-1901, permettant une analyse approfondie et complète.
Fragment de barbe et nouvelle épave
L’équipe a focalisé ses efforts sur la limite orientale du site, où d’importants fragments de statues en marbre ont été trouvés l’année dernière après le déplacement de gros rochers. Cette année, des restes osseux d’au moins un individu ont été mis au jour, soulignant la tragédie humaine du naufrage. Des fragments de statues, des poteries, des verreries et des éléments en alliage de cuivre, plomb et bois de la structure du navire, ont également été exhumés. L’une des découvertes les plus remarquables est un fragment en marbre, appartenant probablement à la barbe de la tête d’Héraclès, identifié en 2022. Ces éléments renforcent le statut culturel et artistique de l’épave. Par ailleurs, des fragments de céramique tardive ont été localisés sur un niveau supérieur de la stratigraphie, suggérant qu’un autre navire, potentiellement plus petit, a connu le même sort tragique à l’époque proto-byzantine. Ces nouvelles informations ouvrent de passionnantes perspectives sur l’histoire maritime de la région.
Angeliki G. Simosi
Éphorie des antiquités du Pirée et des îles
Lorenz Baumer
Professeur d’archéologie à l’université de Genève
Co-directeurs de la mission
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