Revenir au travail le 8 janvier et trouver un trou dans le secteur XIIIe siècle de l’Hôtel-Dieu : c’est ce qui est arrivé aux archéologues en charge des fouilles menées dans le cadre des travaux de restauration de Notre-Dame de Paris. L’information a été relayée par nos confrères de La Tribune de l’Art et du Journal des Arts en fin de semaine dernière.
Il semblerait, en effet, que l’établissement public administratif chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale ait pris la décision d’achever le creusement d’une tranchée à l’emplacement de l’ancien Hôtel-Dieu côté Seine, mais sans, au préalable, consulter les équipes d’archéologues. Ainsi, ni diagnostic ni fouilles préventives n’ont pu être effectués dans cette zone de 17 m2 ! Cela s’est passé pendant la semaine de fermeture de l’Inrap, du 23 décembre au 2 janvier, et la période de congé des archéologues. Les vestiges se trouvant dans cette zone ont donc été irrémédiablement détruits sans possibilité d’étude. Or on sait à quel point fouiller dans Paris constitue une entreprise rare et difficile, du fait de la densité du tissu urbain.
Tenir les délais à tout prix ?
Le chantier de Notre-Dame représente donc une occasion exceptionnelle d’approfondir nos connaissances du passé médiéval, et notamment des phénomènes d’urbanisation de ce quartier-clef de la capitale. Cette opération a été menée afin de palier un retard quant au creusement de cette tranchée, et de respecter les délais liés à la réouverture de la cathédrale, fixée par le Président de la République au 8 décembre 2024. Pour autant, deux syndicats d’archéologues dénoncent le non-respect des normes archéologiques et la destruction de précieux vestiges. Cet incident intervient au sein d’une campagne de fouille déjà agitée de tensions entre les différents acteurs impliqués, et dont les enjeux sont d’ampleur nationale voire mondiale. Nous ne manquerons pas de vous tenir au courant de la suite des événements.
Chloé Petident et la rédaction d’Archéologia