
L’exposition « Arts et Préhistoire » du musée de l’Homme se clôt en inaugurant un nouveau chapitre en retraçant la fascination fructueuse que Pablo Picasso nourrit pour la Préhistoire, alors que le XXe siècle en révèle enfin la beauté.
Les découvertes des grottes préhistoriques ornées qui jalonnent le XXe siècle (Font-de Gaume en 1901, authentification des peintures d’Altamira en 1902, Niaux en 1906, Pech Merle en 1922, Lascaux en 1940, Rouffignac en 1956…) fascinent Picasso qui, à défaut de les visiter, se documente à travers les nombreuses revues illustrées de l’époque (notamment les fameux Cahiers d’art animés par Christian Zervos). Les échos de ce nouveau corpus se retrouvent dans son œuvre dès les années 1920-1930. Ce sont des collections d’ossements, références visuelles et formelles mais aussi supports de futures gravures ; des tracés géométriques qui renvoient aux relevés des parois mésolithiques de la région de Fontainebleau (série « Cercles et signes ») ; des corps de femmes aux généreux volumes, sans doute inspirés par la Vénus de Lespugue dont on sait, par une photographie de Brassaï, que l’artiste possédait, dans son atelier, deux moulages ; une empreinte de main sur une plaque de cuivre dans la lignée de celles relevées par Henri Breuil dans la grotte El Castillo en Espagne en 1906 ; des débris de céramiques, des morceaux de verres dépolis, des galets conservés pour leurs formes ou gravés aux ciseaux à pierre d’un visage de faune ; une Vénus contemporaine réalisée à partir d’un brûleur de cuisinière érigé en déesse de la fertilité. Picasso et la Préhistoire ou la permanence du geste artistique à travers les âges.

Stéphanie Durand-Gallet
« Picasso et la Préhistoire »
Jusqu’au 12 juin 2023 au musée de l’Homme
17 place du Trocadéro et du 11 novembre, 75016 Paris
Tél. 01 44 05 72 72
www.museedelhomme.fr