
Il y a près de 80 ans, les Alliés débarquaient sur les plages normandes. La Seconde Guerre mondiale toucherait à sa fin quelques mois plus tard. Déferlant sur le territoire national, aussi bien sur terre que sur mer, elle a durablement marqué notre paysage et notre mémoire. Depuis 10 ans à peine, l’archéologie s’emploie à en découvrir les traces, alors que ses témoignages matériels, comme humains d’ailleurs, s’effacent lentement. Dans ce dossier, Archéologia vous dresse un bilan de cette décennie de recherches pas comme les autres.
Si l’archéologie de la Seconde Guerre mondiale existe depuis les années 1980 dans la recherche anglo-saxonne, les vestiges de ce conflit n’ont été officiellement inclus au patrimoine national français qu’à la fin de 2013. Ces derniers sont notoirement nombreux en Normandie où d’innombrables découvertes ont eu lieu depuis la fin des années 1940, pour l’essentiel à mettre au crédit d’amateurs et de collectionneurs passionnés. Ainsi les bilans scientifiques des services archéologiques régionaux n’en mentionnent-ils presque aucune liée à la Seconde Guerre mondiale avant 2014, alors même que des sites étaient régulièrement détruits par l’aménagement du territoire, les fouilles non déclarées ou l’érosion littorale. Mais, depuis une décennie, les lignes ont grandement bougé.

Du champ de bataille aux théâtres d’opérations
Dès les années 1980, les multiples traces matérielles des grands fronts de la Seconde Guerre mondiale ont retenu l’attention des archéologues, américains dans les îles du Pacifique puis britanniques et plus récemment français. C’est en Normandie principalement que l’on recense aujourd’hui un large panel de vestiges liés aux combats proprement dits (abris de combattants, positions d’artillerie, zones de parachutages…) ou à leurs conséquences (sépultures provisoires, crashes d’avions et épaves, cratères de bombes, destructions…).

Le Débarquement de Normandie vu par l’archéologie maritime
Près de 150 sites sous-marins témoignent encore, dans les fonds de la baie de Seine, du Débarquement de Normandie. Ils constituent l’un des plus vastes champs de vestiges archéologiques sous-marins au monde. Alors que les œuvres de fiction réduisent parfois le Débarquement aux actions se déroulant sur les plages normandes, l’inventaire systématique des vestiges sous-marins permet de mettre en exergue le caractère profondément amphibie de l’opération Neptune.

Le mur de l’Atlantique révélé par l’archéologie
Ensemble architectural monumental s’étirant du nord de la Norvège jusqu’à la frontière espagnole, le mur de l’Atlantique incarne encore de nos jours l’élément symbolique d’une mémoire matérielle héritée de la Seconde Guerre mondiale. Longtemps déconsidérés et perçus de manière négative, ces vestiges ont progressivement investi le champ patrimonial jusqu’à devenir un objet d’étude archéologique à part entière.

Le camp de concentration de Natzweiler-Struthof : étude d’un espace de détention et de travail forcé
Le camp de concentration de Natzweiler-Struthof (Bas-Rhin), installé en Alsace annexée, est le seul camp de concentration principal présent sur le territoire français actuel. Installé à plus de 700 mètres d’altitude, il ouvre le 1er mai 1941 et se trouve au cœur d’un complexe constitué d’environ 70 camps annexes répartis sur les deux rives du Rhin. 52 000 déportés y sont enregistrés entre 1941 et 1945. Parmi eux environ 22 000 décèdent pendant leur période de détention.
Juliette Brangé, archéologue territoriale, Archéologie Alsace, doctorante, UR ARCHE 3400 ; Alexandre Bolly, archéologue territorial, Archéologie Alsace ; Vincent Carpentier, ingénieur chargé de recherches à l’Inrap, CRAHAM-Centre Michel de Boüard, UMR 6273 ; Cécile Sauvage, archéologue et conservatrice du patrimoine au Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm) ; Benoît Labbey, Inrap Grand-Ouest, Laboratoire HisTeMé, EA 7455 ; Michaël Landolt, ingénieur d’études, Drac Grand Est / SRA Metz ; Antoine Le Boulaire, Inrap Grand-Ouest, UMR 6566 CReAA

Dossier à retrouver en intégralité dans :
Archéologia n° 621 (juin 2023)
Pour une archéologie de la Seconde Guerre mondiale
81 p., 11 €.
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