Elle gît par grande profondeur à environ 350 mètres dans le bras de mer entre le Cap Corse et l’île italienne de Capraia : l’épave Cap Corse 2 est, à ce jour, le deuxième cas connu, en Méditerranée, de navire romain chargé d’une cargaison composée presque exclusivement de produits verriers. Avec ses plusieurs tonnes de blocs en verre brut et ses milliers de vases en verre soufflé, elle revêt un caractère exceptionnel qu’une mission franco-italienne a commencé à étudier début juillet 2023.
Menée du 1er au 8 juillet 2023, la mission a été coordonnée du côté français par le Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm, ministère de la Culture), par Franca Cibecchini, responsable du littoral de Corse, et du côté italien par la Soprintendenza Nazionale per il patrimonio culturale subacqueo (SN-SUB, ministère de la Culture), avec sa directrice Barbara Davidde. L’Inrap a également participé à cette mission d’étude avec l’archéologue Souen Fontaine, responsable du pôle subaquatique et spécialiste du verre ancien.
Archéologie et observation biologique
Pour la première fois, des recherches archéologiques ont été associées à l’observation biologique de la faune marine dans ces écosystèmes profonds particuliers, grâce à la participation sur le terrain de l’écologue Nadine Le Bris (Sorbonne Université-Museum national d’Histoire naturelle). La diagnosticienne Carlotta Sacco Perasso (SN-SUB-MIC) a étudié la colonisation biologique en haute mer sur les objets archéologiques de la cargaison. Afin d’assurer ces recherches à grande profondeur, le Drassm a mis à disposition son navire scientifique l’Alfred Merlin, équipé de ses deux ROV, Arthur et Hilarion. Le premier est un nouveau prototype, conçu et développé avec et pour le Drassm par Vincent Creuze (Université de Montpellier-LIRMM), qui a également participé activement à cette mission. Ce robot, l’un des plus petits et légers de sa catégorie, peut atteindre les 2 500 m de profondeur et permettre non seulement de documenter les sites mais aussi de ventiler ou d’aspirer les sédiments et de récupérer des objets fragiles. Quant au ROV Hilarion, piloté par l’archéologue Denis Dégez (Drassm), il réalise des vidéos haute définition jusqu’à une profondeur de 500 mètres.
Première prospection
Découverte par l’ingénieur Guido Gay en 2012, l’épave a d’abord été déclarée au Drassm, qui a immédiatement effectué une première documentation photogrammétrique et de l’échantillonnage, en 2013 et 2015. À la suite des discussions sur la délimitation de l’espace maritime entre l’Italie et la France, le Drassm a signalé l’épave au ministère italien de la Culture en juin 2016. Un programme de collaboration a été lancé en avril 2023, avec la signature d’un accord scientifique entre le Drassm, dirigé par Arnaud Schaumasse, et la Surintendance nationale italienne, créée en 2022.
Franca Cibecchini, Drassm-MC ; Barbara Davidde, SN-SUB-MIC ; Souen Fontaine, Inrap
Article à retrouver dans :
Archéologia n° 625 (novembre 2023)
Saint-Denis révélée par l’archéologie
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