La création du Centre de Conservation et d’Étude de Maine-et-Loire (CCE 49) en 2013 est le fruit d’un partenariat étroit entre la Drac des Pays de la Loire et la Conservation départementale du patrimoine de Maine-et-Loire. Elle a d’abord permis le regroupement de biens archéologiques mobiliers auparavant dispersés dans différents dépôts, puis de mener, après une phase de test en 2019, un vaste chantier des collections. En 2023, un premier bilan s’impose.
Ambitieux, le chantier des collections a pour but, à terme, de bénéficier d’un inventaire détaillé des mobiliers conservés, de disposer d’un outil de régie et d’un suivi sanitaire efficace, de pouvoir conditionner les biens archéologiques suivant les normes actuelles et de rendre facilement disponible l’ensemble des archives du sol mises au jour en Maine-et-Loire depuis 1930. Il s’est appuyé sur un cahier des charges précis, relayé par une phase de test essentielle, qui a ensuite permis d’élaborer une méthodologie opérationnelle, une chaîne de traitement pertinente et d’évaluer les compétences, les temps de travail et les besoins matériels nécessaires à son achèvement. L’usage d’une base de données dédiée (Ishtar) et la création d’outils de gestion flexibles, adaptés à chaque phase du traitement des biens, autorisent aujourd’hui l’enregistrement et la conservation dans les meilleures conditions possibles du fruit des nombreuses opérations déposées au CCE 49. En 2023, un quart des mobiliers conservés au CCE 49 a été traité. Plus de 50 000 objets ou lots d’objets, soit un volume de 125 m3, ont été enregistrés. L’ensemble fait désormais l’objet d’une veille sanitaire qui facilite le suivi individualisé de chaque artefact dont certains, particulièrement rares ou dégradés, peuvent donner lieu à un traitement de stabilisation ou de restauration.
Données inédites pour la recherche
Plus encore que les chiffres et les missions de conservation des mobiliers, c’est la mise à disposition de données scientifiques souvent inédites qui constitue l’intérêt majeur de cette opération. Dès à présent, plusieurs études universitaires et recherches scientifiques s’appuient sur des éléments parfois oubliés ou même inédits, devenus exploitables. Ce chantier constitue indéniablement un temps fort de l’histoire des collections angevines. Au-delà, la conduite d’une telle opération représente aussi une formidable opportunité de médiation. Sa présentation lors des Journées européennes du patrimoine, la mise en place de visites pour les étudiants dans le cadre de leur enseignement ont notamment permis de sensibiliser les publics aux enjeux de conservation et de préservation des biens archéologiques. Par ailleurs, en l’absence d’un espace de valorisation à l’échelle départementale, l’évocation de ce chantier si particulier par les médias locaux a dévoilé aux Angevins un aspect méconnu de leur patrimoine.
Reynald Lucas, Mickaël Montaudon et Cindy Sartre
Conservation départementale du patrimoine de Maine-et-Loire
Rachel Touzé
Direction régionale des affaires culturelles des Pays de la Loire