À la faveur du réaménagement des salles étrusques et romaines du musée du Louvre, près de 300 pièces insignes ont pris la route des Hauts-de-France. Conjuguées à une centaine de prêts, elles retracent pour les dix ans du Louvre-Lens l’extraordinaire destin de l’antique Rome, modeste cité du Latium devenue le cœur battant d’un empire. Le parcours déploie, du IIe siècle avant notre ère au IIIe siècle, l’épopée de sa grandeur en explorant les liens à la fois politiques et culturels que la cité noua avec l’immense territoire sur lequel elle étendit son influence, jusqu’à former la civilisation commune de l’Empire romain.
De la République à l’Empire
Accueilli par un marbre colossal personnifiant la cité sous les traits d’une guerrière Amazone, le visiteur poursuivra son voyage par une initiation à la romanité, une identité nourrie de multiples influences méditerranéennes, et notamment grecques, reposant sur une structure sociale, politique et religieuse. L’exposition explore la progressive transition de la République à l’Empire, une dynamique corrélée à la personnification toujours croissante du pouvoir opérée par les membres d’une aristocratie assurant sans partage la conduite des affaires publiques et militaires. Entre 30 et 10 avant notre ère, l’instauration du régime impérial par Auguste aboutira à une mise en scène inédite de l’autorité d’un homme concentrant désormais entre ses mains tous les pouvoirs. Particulièrement codifiée, l’image de l’empereur et de sa famille se diffuse alors sur tout le territoire.
« À Rome, fais comme les Romains »
Un second temps offrira justement l’occasion de parcourir l’Empire afin de découvrir le quotidien de ses habitants. Bien que largement autonomes, les cités qui le composent affirment leur rattachement à Rome en inscrivant dans la pierre et le marbre la figure de l’empereur, tandis que le pouvoir central assure partout son autorité en déployant son administration et son armée. Le processus de romanisation à l’œuvre partout dans l’Empire passe en outre par une uniformisation des pratiques des élites. Le développement de portraits découlant de ceux imaginés dans la capitale constitue l’un des marqueurs de ces mœurs communes, qui incluent également le goût pour les spectacles – combats de gladiateurs, courses de chars… –, des pratiques religieuses et funéraires de plus en plus inspirées par le culte public romain, ou encore celles liées au banquet. Cette appropriation culturelle passe plus globalement par l’adoption de l’esthétique romaine : la prospérité offerte par la pax romana permet ainsi aux élites de l’Empire de jouir d’un art de vivre luxueux affirmant par le beau leur appartenance à une civilisation commune. « À Rome, fais comme les Romains. »
Olivier Paze-Mazzi
« Rome. La cité et l’Empire »
Jusqu’au 25 juillet 2022 au Louvre-Lens
99 rue Paul Bert, 62300 Lens
Tél. 03 21 18 62 62
www.louvrelens.fr
Catalogue, coédition musée du Louvre / Snoeck, 400 p., 39 €.
À lire : « Exposition. Rome, la cité et l’Empire », Archéologia n° 608, pp. 24-29.