À l’occasion du 10e anniversaire du Festival interplanétaire de Bande Dessinée de Reims, Sapiens – La naissance de l’humanité, l’adaptation en bande dessinée du best-seller éponyme de l’historien Yuval Noah Harari dialogue avec les collections archéologiques du musée Saint-Rémi. L’occasion de (re)découvrir avec humour la Préhistoire – objets authentiques à l’appui.
Les « premiers humains n’avaient en réalité rien de spécial. Ils restaient des animaux insignifiants qui n’avaient pas plus d’impact sur leur environnement que des babouins, des lucioles ou des méduses. » C’est ainsi que, sous le crayon de Daniel Casanave et David Vandermeulen, Yuval Noah Harari explique à sa nièce Zoé les débuts de l’histoire humaine ; c’est par cette première planche de Sapiens – La Naissance de l’humanité, reproduite sur un panneau présentant les hommes comme « des marginaux de la savane » que le visiteur est accueilli dans l’exposition de Reims. Une plongée immédiate dans l’univers de Yuval Noah Harari et de son Sapiens – Une Brève histoire de l’humanité paru en français en 2015 et adapté en bande dessinée en 2020-21.
La BD face aux collections du musée Saint-Rémi
Travaillant en étroite collaboration avec l’historien israélien, les deux auteurs de bande dessinée ont souhaité le mettre lui-même en scène pour mieux conserver l’esprit du livre original, marqué par des allers-retours constants entre passé et présent. Et pour réaliser certains dessins, c’est au musée Saint-Rémi que Daniel Casanave, lui-même rémois, a trouvé la documentation qu’il cherchait, notamment dans les maquettes de mammouths et de leur dépeçage. De là est née l’idée d’une exposition mettant en résonance la bande dessinée et des collections archéologiques sorties des réserves pour l’occasion, soigneusement sélectionnées avec l’aide de Sophie Binder, archéologue et conservatrice/restauratrice.
Parcours chronologique
Après une première partie centrée sur la création de Sapiens – à travers notamment des planches originales, des croquis préparatoires, la reconstitution de l’atelier des artistes –, l’exposition fait dialoguer la bande dessinée avec des pièces archéologiques provenant de la région (Aisne, Somme, Marne). Le parcours est chronologique : le Paléolithique d’abord, avec une molaire de mammouth, des bifaces, racloirs, burins, percuteurs servant au « débitage Levallois » – cette technique de taille de pierre identifiée à partir de la fin du XIXe siècle et qui doit son nom au site des carrières de Levallois en région parisienne ; le Néolithique ensuite, avec du mobilier emblématique de la sédentarisation, de l’agriculture et du pastoralisme – haches polies, céramiques, meule, collier de perles issus d’une sépulture. Six crânes – d’Antecessor (entre 1,6 million d’années et 1 million d’années) à Sapiens (300 000), en passant par Erectus et Néandertal – complètent l’ensemble. Sans oublier les maquettes dont s’est inspiré Daniel Casanave et la reproduction du Rapt à l’Âge de Pierre de Paul Jamin (1888), issu du musée des Beaux-Arts de Reims, présentant en contrepoint la vision fantasmée de la préhistoire qui avait cours à la fin du XIXe siècle.
Alice Tillier-Chevallier
« Sapiens, la naissance de l’humanité »
Jusqu’au 1er février au musée Saint-Remi
53 rue Simon, 51100 Reims
Tél. 03 26 35 36 90
www.musees-reims.fr