La base d’un moulin à vent datant du XVIIe siècle et la maison du meunier associée ont été mises au jour par l’Inrap à Sartrouville, dans la banlieue ouest de Paris, à la faveur de travaux d’aménagement d’une école et d’un centre de loisirs. L’existence de ce moulin avait entièrement disparu de la mémoire collective.
Sur les hauteurs de Sartrouville, à proximité du cœur historique du village qui a donné son nom au quartier – Vieux-Pays –, se trouvaient jusqu’au milieu du XIXe siècle pas moins de trois moulins à vent, situés dans un rayon d’à peine 100 mètres. Un seul est encore présent dans le paysage, à travers son ancienne maison de meunier transformée en guinguette et dont la façade arbore toujours fièrement l’enseigne peinte d’« Ermitage du moulin ». Le moulin de La Tour, lui, avait été complètement oublié, jusqu’à ce qu’il ressurgisse de terre lors des diagnostics réalisés en 2022 par l’Inrap. De premières recherches en archives ont permis d’en retrouver la trace : « Le moulin a appartenu à la même famille de meuniers, les Liebert, depuis au moins le milieu du XVIIe siècle et jusqu’à la fin de son activité, explique Nicolas Samuelian, responsable des opérations. Il figure sur un plan de 1675 et également sur le cadastre napoléonien de 1820. »
Aller dans le sens du vent
Le terrain a livré la base en pierre du moulin, de 8 mètres de diamètre, qui abritait sans doute les outils de mouture. « Cette partie maçonnée était certainement recouverte d’un toit, et surmontée d’une partie pivotante en bois, permettant de se placer dans le sens du vent », précise l’archéologue. Un muret courbe, au tracé parallèle au moulin sur moins d’un quart de sa circonférence, a également été dégagé : il aurait pu servir à bloquer l’échelle-queue qui permettait d’orienter le moulin. Autre élément remarquable, les couches qui enserrent la base présentent un niveau charbonneux continu, incluant des éléments métalliques rouillés, témoins d’un incendie ancien. Aurait-il pu être lié à la foudre ? La découverte, dans le mur, d’un paratonnerre – un fil de cuivre traversant une rigole maçonnée avant de plonger dans une fosse remplie de charbon –, montre en tout cas la vulnérabilité de l’édifice situé sur ce point haut.
Les caves du meunier
La fouille du reste de la parcelle a permis de mettre au jour les caves de la maison du meunier, présentant différents niveaux d’occupation. « Le niveau final correspond à un toit à cochons, explique l’archéologue. C’est une petite structure empierrée et maçonnée où les bêtes faisaient du gras dans les derniers temps avant abattage ». Au niveau en dessous, se trouve un trou cylindrique identifié comme une probable latrine à tonneau. La chronologie de l’ensemble n’est pas immédiatement lisible, et seule l’analyse des matériaux employés, notamment des différents mortiers, permettra d’associer les murs qui sont contemporains les uns des autres pour retracer l’évolution du bâti. À proximité ont également été retrouvés un puits et une citerne en pierre enduite, ainsi qu’une petite construction circulaire qui résiste pour le moment à l’interprétation.
Alice Tillier-Chevallier