Des travaux d’élargissement de l’autoroute A75 ont conduit à la fouille, à proximité de Clermont-Ferrand, de quatre sites, occupés pour certains dès le Néolithique. Une exposition au musée Bargoin livre les premières découvertes, et notamment la mise au jour d’un alignement de grands menhirs.
La construction de l’autoroute A75 – « la Méridienne » – reliant Clermont-Ferrand à Béziers n’a été décidée qu’à la fin des années 1980 et achevée en 2010. Mais l’axe de circulation qu’elle suit est bien plus ancien : il était déjà emprunté il y a 6 500 ans, dès le Néolithique. En attestent les découvertes réalisées lors des fouilles préventives menées par l’Inrap entre 2018 et 2020, sur quatre sites majeurs au sud de Clermont‐Ferrand et notamment celui de Douleix. C’est là que fut mis en évidence un alignement de menhirs totalement inédit dans la région, daté entre 4700 et 4400 avant notre ère. « Les menhirs sont implantés à proximité du passage d’un col, ce qui laisse supposer que ces alignements jalonnaient un axe de circulation et fonctionnaient comme des marqueurs de territoire », analyse Marie Bèche‐Wittmann, directrice adjointe du musée Bargoin et commissaire de l’exposition. L’alignement est d’autant plus exceptionnel qu’il a été remanié 1 000 ans plus tard pour donner lieu à un second ensemble mégalithique, et qu’il s’accompagne d’une cinquantaine de foyers à pierre chauffée, destinés à la cuisson, témoignant de la tenue en ce lieu d’importants rassemblements. Le site est ensuite réinvesti à l’Âge du bronze par une sépulture monumentale de 14 mètres sur 7. Les menhirs seront finalement abattus, comme le montrent les fosses retrouvées qui ont permis de saper leur base.
Circulations et échanges
Dès le Néolithique, la région est sans doute insérée dans un réseau d’échanges : une magnifique hache polie en serpentinite en forme de navire, découverte au sein d’un enclos, où elle avait été brisée et passée par le feu dans un but sacrificiel, provient certainement des rives du lac de Neuchâtel (Suisse) ; la grande variété des aménagements funéraires du site de Pontcharaud (avec des sépultures en coffres de type Chamblandes issu de Suisse occidentale, mais aussi des architectures de pierres sèches en encorbellement plutôt pyrénéennes) suggère diverses influences culturelles. D’autres pratiques en revanche sont spécifiques au territoire, à l’image des inhumations en jarres de nourrissons (à l’Âge du bronze ancien).
Du Néolithique à l’Âge du fer
L’exposition suit un parcours chronologique, présentant d’abord les vestiges du Néolithique et de l’Âge du bronze, avant d’aborder celui du fer, évoqué par l’agglomération gauloise dite « d’Aulnat ». « Cette agglomération de plaine antérieure à l’installation des oppida de Gondole ou Gergovie était déjà connue, précise la commissaire. Mais les fouilles ont mis au jour un nouveau quartier, mêlant habitat, nécropole et zone d’artisanat. » Le bracelet en ivoire qui a été retrouvé comme la céramique campanienne, les amphores de vin italien ou les tuiles romaines montrent quant à eux la précocité des échanges avec la Méditerranée, bien avant la conquête romaine.
Alice Tillier-Chevallier
« Le temps de la Méridienne. 5 000 ans d’histoire sous l’autoroute A75 »
Jusqu’au 19 mai 2024 au musée Bargoin
45 rue Ballainvilliers, 63000 Clermont-Ferrand
Tél. 04 43 76 25 50
www.clermontmetropole.eu
Catalogue, Bleu autour éditions, 208 p., 25 €.