
En novembre 2021, des chercheurs de l’Inrap et du collectif AASCAR (archéologie des conflits récents) ont effectué une première mission de repérage sur l’île inhabitée de Cabrera dans les Baléares. Surnommée « la Sainte-Hélène de la Grande Armée », elle vit, en effet, entre 1809 et 1814, plus de 15 000 soldats napoléoniens, prisonniers de guerre capturés en Espagne, y être déportés (seuls 3 500 survécurent).
Avec l’aide des autorités majorquines (Direction du Patrimoine), l’accueil et le soutien logistique du Parc naturel de l’archipel de Cabrera, ces recherches inédites ont porté sur le site du cimetière, un profond talweg couvert d’une dense végétation, baptisé « Vallée des Morts » par les protagonistes, sur deux des six camps établis autour du port naturel (qui ont livré de nombreux artefacts dont des boutons d’uniforme) et sur la caverne-théâtre, lieu emblématique des détenus, mentionné par les mémorialistes. La mission de 2022 a porté sur les cavités souterraines et les habitats troglodytiques occupés par ces captifs désespérés, regroupés en petites communautés.

Trois grottes explorées
Trois grottes ont été explorées : des indices (relevés, graffitis nominatifs et boutons régimentaires) confirment la présence de prisonniers qui ont ensuite été identifiés. Le projet « Isla Cabrera : l’île-prison des soldats de Napoléon » est labellisé « 2021 Année Napoléon » et le comité scientifique regroupe des historiens de la Fondation Napoléon et du Service historique de la Défense. Le projet bénéficie enfin des connaissances et compétences des archéologues majorquins.

Frédéric Lemaire
Chef de mission, archéologue à l’Inrap