
La saline royale d’Arc-et-Senans, chef-d’œuvre de Claude-Nicolas Ledoux construit à la fin du XVIIIe siècle, inaugure un vaste espace immersif consacré au patrimoine mondial de l’UNESCO. Huit sites sont à découvrir grâce à leur modélisation 3D.
La saline royale d’Arc-et-Senans avait déjà son musée du sel et son musée Ledoux ; elle a désormais son « Centre de Lumières », vaste espace immersif dédié au patrimoine mondial de l’UNESCO. Car la saline a été inscrite elle-même dès 1982 sur la liste de ces sites reconnus pour leur valeur universelle exceptionnelle et a été la première à y figurer au titre de son patrimoine industriel. De cette histoire et, également, de la rencontre avec la société Iconem, start-up spécialisée dans la numérisation 3D des sites patrimoniaux, est née l’idée de valoriser le patrimoine mondial au sein de la saline en y présentant d’autres sites classés, qu’ils soient disparus, menacés ou simplement inaccessibles.
Huit sites emblématiques
Pour l’ouverture, ce sont huit lieux emblématiques, appartenant à tous les continents et issus des différentes périodes de l’histoire, qui ont été choisis : peintures rupestres de La Serrania de La Lindosa en Colombie, datant de 12 000 avant notre ère, pyramides de Gizeh en Égypte, cités antiques de Palmyre (Syrie) et de Leptis Magna (Libye), architecture islamique de Samarcande (Ouzbékistan), Angkor au Cambodge, tombeau d’Humayun (Inde moghole, XVIe siècle), Venise et, pour finir, l’œuvre de Claude-Nicolas Ledoux lui-même.

Une cathédrale numérique
Le Centre de Lumières – baptisé ainsi en hommage à l’architecte qui utilise l’expression dans son Traité d’architecture de 1804 – a été installé dans l’un des deux anciens ateliers de cuisson de la manufacture, là où, entre 1779 et 1895, la saumure était soumise à une intense évaporation pour produire le sel. Le matériel industriel a depuis longtemps disparu, mais il reste l’imposant bâtiment de 80 mètres de long et de 18 mètres de haut, et sa majestueuse charpente, refaite en béton armé dans les années 1930. C’est elle qui sert d’écrin aux projections : si deux des trois écrans monumentaux épousent la pente du toit, leur tulle holographique a été choisie pour laisser transparaître la structure, faisant de l’espace une magnifique cathédrale numérique.
Découvrir le patrimoine mondial
Entre deux films, le visiteur pourra manipuler les écrans interactifs mis à sa disposition pour en savoir plus sur la notion de patrimoine mondial, jouer à reconnaître différents sites, ou encore partir à la découverte du patrimoine immatériel à travers cinq traditions filmées à 360° au sein du « pavillon des traditions » voisin. D’autres sites devraient s’ajouter peu à peu au catalogue, à commencer par l’île de Pâques et ses fameux moaï. La saline ambitionne de devenir un centre de référence en matière de numérisation 3D, outil essentiel pour l’étude des sites, à distance, par les archéologues.
Alice Tillier-Chevallier
Saline Royale, 25610 Arc-et-Senans
Tél. 03 81 54 45 00
www.salineroyale.com