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Un complexe religieux gallo-romain inédit découvert près de Rennes

Évocation du sanctuaire. © Marie Millet, Inrap
Évocation du sanctuaire. © Marie Millet, Inrap

À la Chapelle-des-Fougeretz, à 10 kilomètres de Rennes, un remarquable ensemble cultuel gallo-romain est en cours de fouilles jusqu’au mois d’octobre. Un chantier exceptionnel par sa surface de 7 hectares, qui devrait livrer bon nombre d’informations sur l’organisation sociale des campagnes bretonnes et les modes de vie des premiers siècles de notre ère.

« Des sanctuaires de ce type, composé d’un enclos sacré et de thermes, ne sont pas rares dans le monde gallo-romain, explique Bastien Simier, archéologue à l’Inrap et responsable du chantier. On en connaît d’autres, à Berthouville, en Normandie, ou à Neuville-sur-Sarthe. Certains ont été fouillés, mais jamais sur une telle superficie. Nous avons là une occasion unique. » Dès 1984, on soupçonne l’existence de ce site archéologique, révélé sur les vues aériennes par un tracé plus clair dans les champs de blé au début de l’été. Mais c’est le projet d’extension et de requalification urbaine de la zone, en périphérie d’une métropole rennaise en pleine croissance, qui conduit, en 2018, à un premier diagnostic, grâce à la réalisation de tranchées tous les 20 mètres. La zone de la fouille prescrite par l’État couvrira finalement 7 des 30 hectares du projet.

Deux temples et une galerie

Trois mois après le lancement du chantier, c’est la moitié du périmètre qui a été décapée. Les 30 à 40 centimètres de terre végétale – trop labourée au cours des siècles pour pouvoir livrer le moindre vestige – ont été enlevés pour atteindre le sol naturel, révélant deux temples : un grand fanum de 15 mètres de côté et un petit fanum de 10 mètres, entourés d’une galerie de 60 mètres de long. De ces différents éléments, il ne reste que les fondations : en Bretagne, région qui manque cruellement de pierres, les murs ont depuis longtemps servi de carrière. La profondeur des fondations permet néanmoins de restituer des bâtiments de belle hauteur (10 à 15 mètres sans doute), aux toits en tuiles, visibles d’autant plus loin qu’ils étaient installés sur un site dominant la vallée de la Flume et le bassin de Condate (Rennes). Datant de la période allant de 50 à 350 de notre ère environ, cet ensemble cultuel comprenait également une zone d’habitat en bois et terre et des thermes – passés inaperçus lors des premières investigations et dont la découverte a constitué une belle surprise.

Une statuette en bronze exhumée

Les monnaies en or et en argent retrouvées sur place attestent cependant d’une occupation antérieure : les plus anciennes d’entre elles remontent en effet à 30 avant notre ère, soit 20 ans à peine après la conquête romaine. C’est donc sous les temples actuellement mis au jour que l’Inrap poursuivra les fouilles à la recherche de vestiges de cette période, mais aussi au fond des puits du site, qui livreront peut-être des déchets organiques à même de renseigner la nature des offrandes apportées en ce lieu, et autour de la voie romaine inédite qui traverse la parcelle. Les archéologues espèrent également dégager les traces d’un théâtre – fréquent dans ce type de sanctuaire – et des indices sur les divinités auxquelles il était consacré. À ce jour, seule une statuette en bronze du dieu Mars a été découverte dans la zone d’habitat.

Statuette en bronze qui pourrait représenter le dieu Mars. © Emmanuelle Collado, Inrap
Statuette en bronze qui pourrait représenter le dieu Mars. © Emmanuelle Collado, Inrap

Alice Tillier-Chevallier

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