
Mangé par ses camarades puis mangé par des hyènes : cet homme préhistorique n’a vraiment pas eu de chance ! On a retrouvé son humérus dans la (bien nommée !) grotte de Coupe-Gorge à Montmaurin en Haute-Garonne.
La formation karstique de Montmaurin a joué un rôle important dans l’histoire de la science préhistorique. Huit cavités ont attiré les archéologues, dont Louis Méroc, qui y fouilla de 1945 à 1961. La grotte de la Niche, la plus célèbre, a livré une mandibule qui sera plus tard attribuée à Homo heidelbergensis, l’ancêtre de Néandertal. Notre estimé cousin n’est pas en reste, puisque quelques-uns de ses ossements furent également identifiés, certains lors du classement d’os de faune après les fouilles. Depuis 2020, une nouvelle équipe a repris l’étude de la grotte de Coupe-Gorge. Avec succès, puisqu’elle a mis au jour un humérus humain, dans une couche datant du début du Paléolithique récent. Son aspect laisse à penser qu’il pourrait s’agir également d’un Néandertalien, mais l’étude doit se poursuivre.
Une mauvaise rencontre
Détail curieux : il se trouvait dans ce qui semble être une ancienne tanière de hyène, au milieu d’ossements de proies et d’excréments fossilisés ; il a d’ailleurs été mâché. Notre malheureux préhistorique semble avoir fait une mauvaise rencontre. Il rejoindrait ainsi la liste des victimes retrouvées par les archéologues : le petit Australopithèque de Taung (Afrique du Sud) enlevé par un aigle, le Paranthrope attrapé par un léopard et emporté pour être dévoré dans la grotte de Swartkrans (Afrique du Sud), le jeune Néandertalien de la grotte de Ciemna (Pologne) digéré par un oiseau géant…
Anthropophagie
Cependant, un détail intrigue : il semble que l’os fut brisé pour en extraire la moelle. Il faudrait donc envisager que notre individu fut au préalable cannibalisé par ses semblables, qui auraient rompu ses os. Les bêtes au rire sinistre se seraient alors contentées de charogner la dépouille, après l’avoir cachée dans la grotte. La chair de ce pauvre humain devait être particulièrement savoureuse, pour être disputée à ce point. Le voici désormais gibier pour paléoanthropologue !
Jacques Daniel