
Une monnaie représentant le signe zodiacal du cancer vient enrichir l’exposition sur les dinars présentée à l’Institut du monde arabe. Cette petite merveille réalisée en Inde au XVIIe siècle complète ainsi brillamment le lot de onze autres mohurs en or conservés dans une collection privée.
En 1992, la mère du propriétaire actuel de la collection achète un lot de monnaies, des dinars, uniquement en or. Certaines sont alors extrêmement rares. Au fil des ans, son fils enrichira l’ensemble, composé aujourd’hui de près de 1 100 pièces, illustrant toutes les périodes monétaires du monde arabo-musulman depuis le VIIe siècle jusqu’au XIXe siècle. 430 sont exposées à l’IMA depuis le 14 septembre.
Sous le signe du Cancer
Au sein de cet ensemble figure le très original lot du zodiaque, frappé par l’empereur moghol Jihângîr qui régna sur l’Inde de 1605 à 1627. L’ensemble ne comportait que onze signes, jusqu’à l’achat, en décembre dernier, de la douzième pièce dédiée au cancer.
Histoire de frappe
Et si cette série est singulière, c’est qu’il est rare de trouver des motifs figurés sur les monnaies, comme le détaille le reste du parcours. En effet, les monnaies sont bien plus souvent ornées de belles inscriptions religieuses (citation du Coran, profession de foi), du nom de l’héritier, du lieu et de la date de fabrication, du nom du calife et de la mention « or fin ». Au fil de vitrines toutes scintillantes, nous découvrons l’histoire des différentes frappes monétaires (majoritairement manuelles) et des multiples ateliers dans les mondes arabe et perse, ou des usages de ces pièces, l’or étant souvent réservé aux transactions les plus importantes.

Pièces de bon aloi
Les passionnés de numismatique ne pourront qu’être admiratifs devant la qualité de ce fascinant ensemble. Les autres pourront jouer à déchiffrer certaines inscriptions (les légendes poétiques désignant certains souverains), ou à chercher parmi ces pièces (qui, de prime abord et pour les Béotiens, se ressemblent toutes) les dinars avec des portraits (issus de la dynastie iranienne des Qajars), celui frappé (en arabe) au nom du très chrétien roi Alphonse VIII de Castille (!), ou encore les trois frappés par des femmes. À travers ces minuscules objets (dont les contextes archéologiques sont malheureusement tous inconnus) se dévoile ainsi en filigrane toute l’histoire de l’Islam, tant la monnaie, premier instrument du commerce, impose l’identité et l’autorité d’un État.
Éléonore Fournié
« Un trésor en or, le dinar dans tous ses États »
Jusqu’au 26 mars 2023 à l’Institut du monde arabe
1 rue des Fossés-Saint-Bernard, Place Mohammed V, 75005 Paris
Tél. 01 40 51 38 38
www.imarabe.org