Le château des ducs de Bretagne – musée d’Histoire de Nantes accueille pour plusieurs mois une exposition éclairant la richesse des arts indiens. C’est sous l’égide des trois religions natives – l’hindouisme, le jaïnisme et le bouddhisme – de ce sous-continent que se déploie une visite haute en couleur et ponctuée de merveilles archéologiques, exceptionnellement prêtées par le Museo della Civiltà de Rome.
Du bleu, du rouge et du jaune : trois couleurs primaires pour un parcours en trois sections. Après une introduction à la scénographie immersive au rez-de-chaussée (projections grand format, lais de tissus chatoyants, musique traditionnelle et odeur d’encens) se développe un espace plus traditionnel (mais fort beau) tout de bleu paré dédié à l’hindouisme. Nous y retrouvons entre autres des bronzes du XVe siècle de Shiva (« le bienfaisant », aussi imprévisible qu’ambivalent) et de Parvati dansant, des peintures du XVIIe siècle figurant Vishnu (le préservateur de l’ordre cosmique) endormi ou sous ses multiples avatars (souvent déchaînés). Viendra ensuite le jaïnisme, en rouge, religion de l’ascèse, de la non-violence et de la tolérance, où sont évoquées les formes les plus exigeantes de cette spiritualité du renoncement ; enfin le bouddhisme, en doré, seule religion sur les trois à avoir irradié dans le monde entier, avec sa figure emblématique, le prince Siddhârta Gautama devenu Bouddha (l’Illuminé), et ses bodhisattvas, incarnés par les majestueux schistes du Gandhara ou les délicats grès roses de Mathura – des œuvres souvent inédites d’une richesse iconographique et d’une virtuosité technique à couper le souffle.
Arts sacrés
Bien que très différentes, ces trois religions, apparues entre le XVe et le IVe siècle avant notre ère, gravitent autour des mêmes thèmes et préceptes – dont le principal réside dans une quête spirituelle qui permettrait aux êtres humains de sortir du cycle perpétuel des réincarnations, le samsara, pour atteindre un état de délivrance et de libération des souffrances liées à l’existence. On y trouve aussi les mêmes concepts cosmologiques ou cosmographiques, une certaine forme d’ascétisme, la pratique du yoga et du tantra, et une piété spécifique autour de divinités féminines ou de déités mi-hommes mi-animaux. Plus de deux cents œuvres – sculptures en pierre, masques débonnaires, textiles peints, précieuses miniatures de manuscrits, pièces d’orfèvrerie, bijoux et arts populaires – finissent par nous en apprendre beaucoup sur le monde indien. Millénaires, ces mondes sacrés continuent d’irriguer par leur créativité sans équivalent l’art contemporain. Et ce ne sont pas les 90 photographies inédites de l’artiste contemporain Charles Fréger, par lesquelles conclure la visite, qui diront le contraire, elles qui explorent le monde des mascarades au travers des incarnations des divinités hindoues peuplant le Ramayana, épopée fondatrice de l’hindouisme.
Éléonore Fournié
« Inde, reflets de mondes sacrés »
Jusqu’au 23 avril 2023 au château des ducs de Bretagne – musée d’Histoire de Nantes
4 place Marc Elder, 44000 Nantes
Tél. 02 40 20 60 11
www.chateaunantes.fr
Catalogue, Inde, reflets de mondes sacrés. Hindouisme, jaïnisme et bouddhisme, 2022, 277 p. – 36,50 €.
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