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Une pirogue cousue main de l’âge du Bronze sort des eaux

L’épave de Zambratija, Istrie. Observations sur la coque (cliché Philippe Groscaux CNRS CCJ, © Mission Adriboats)
L’épave de Zambratija, Istrie. Observations sur la coque (cliché Philippe Groscaux CNRS CCJ, © Mission Adriboats)

Connue depuis 2008, une épave cousue main de l’âge du Bronze va être prochainement sortie des eaux de la mer Adriatique pour faciliter son étude et permettre son exposition au public, après séchage.

La mer Adriatique avait déjà livré des bateaux à la coque maintenue par des ligatures et non par des tenons et mortaises, mais ils dataient de l’époque romaine, comme le plus célèbre d’entre eux, l’épave de Comacchio remontant à la période augustéenne et retrouvée au sud du delta du Pô en 1981. D’après les premières analyses, le bateau de la baie de Zambratija, en Istrie (Croatie), serait, lui, beaucoup plus ancien, daté entre la fin du XIIe et la fin du Xe siècle avant notre ère. « L’épave avait été signalée par un pêcheur dès 2008, explique Giulia Boetto, directrice du Centre Camille Jullian (CNRS / Aix-Marseille Université) qui mène l’étude avec le musée archéologique d’Istrie. Elle était visible depuis la surface, car elle repose à très faible profondeur (2,50 mètres environ), à 600 mètres à peine de la plage. L’embarcation a vraisemblablement été abandonnée : elle est dépourvue d’éléments de céramique ou de cargaison, ce qui ne facilite pas la datation. »

L’épave de Zambratija, Istrie (cliché Philippe Groscaux CNRS CCJ, © Mission Adriboats)
L’épave de Zambratija, Istrie (cliché Philippe Groscaux CNRS CCJ, © Mission Adriboats)

Une certaine sophistication

Les premières études ont eu lieu sous l’eau et ont permis d’appréhender sa structure, avec une base monoxyle en orme, creusée dans un tronc comme le sont les pirogues, et prolongée par des planches de bordé, reliées par des ligatures, sur une largeur de 2 mètres et une longueur de 12 mètres, dont 7 sont aujourd’hui bien conservés par les sédiments accumulés. « C’est une structure archaïque, qui présente néanmoins une certaine sophistication », commente l’archéologue.

De nouvelles analyses hors de l’eau

L’étude, hors de l’eau, permettra d’affiner la datation de l’épave, de comprendre, notamment grâce à la dendrochronologie, les techniques employées pour sa construction – peut-être facilitée par le recours au feu pour la base monoxyle –, mais aussi son assemblage et son système d’étanchéité. L’équipe de chercheurs espère également retrouver des fragments de fibres des ligatures, qui pourraient être présents dans les orifices destinés au passage des liens. Dans l’immédiat, les cassures relevées sur l’épave seront mises à profit pour sortir l’embarcation de l’eau en différents éléments plus faciles à manœuvrer. Ces bois gorgés d’eau seront ensuite passés un à un au lyophilisateur pour un séchage contrôlé.

Alice Tillier-Chevallier

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