
Engagé en 2019, le redéploiement des collections du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines (DAGER) franchit une nouvelle étape avec la réouverture de salles majeures dédiées aux arts étrusques et italiques, et de l’ensemble de la galerie Campana. Suivez le guide dans ces lieux chargés d’histoire !
Deux salles majeures à la gloire des Étrusques
Cet été, la Salle Henri II et la Salle des Séances (anciennement Salle des Bronze) (voir également notre focus ci-dessous), aux plafonds décorés par Georges Braque (1953) et Cy Twombly (2009), rouvraient leurs portes pour présenter les collections étrusques dans une muséographie repensée. Leur parcours, chronologique, géographiques et thématique, explore près d’un millénaire de production artistique. Si la terre cuite se taille la part du lion – avec le Sarcophage des époux de Cerveteri en majesté au centre de la Salle des Séances –, c’est toute la richesse de la civilisation étrusque, son écriture, ses croyances et la diversité de son artisanat, qui est dévoilée grâce à de nombreuses œuvres restaurées et inédites, et de nouveaux outils de médiation numérique.

Dans la salle des Sept cheminées : l’Italie avant Rome
Le visiteur pénètrera ensuite dans la majestueuse Salle des Sept cheminées, dernière des salles restaurées et remaniées, rendue au public le 13 septembre, juste avant les Journées européennes du Patrimoine. Y sont exposées les grandes cultures italiques du Ier millénaire avant notre ère, celles souvent restées dans l’ombre des Vénètes, Ombriens, Sardes, Campaniens ou encore Samnites… Des peuples qui ont pourtant durablement modelé les régions italiennes, marquant l’histoire de la péninsule aux côtés des Étrusques avant l’unification menée par Rome. On perçoit de-ci, de-là l’influence des colonies hellènes de Grande Grèce (sud de l’Italie), ce qui nous mène tout naturellement à la section suivante, entièrement dédiée aux coroplastes grecs.

La galerie Campana et la céramique grecque à l’honneur
Si, depuis décembre dernier, cinq des neuf salles de la galerie Campana avaient déjà été rouvertes, depuis cet été, c’est l’entièreté de cette fameuse « galerie du bord de l’eau » qui a été rendue au public. Trois riches salles d’études constituent une sorte de réserve accessible, auxquelles s’ajoutent une grande salle thématique et une autre introduisant le visiteur à la céramique grecque et à ce nouveau parcours.

En attendant 2024 pour les collections romaines…
Enfin, la Salle des Verres, accolée à la Salle Henri II, est toujours aux soins des restaurateurs et des ouvriers. Dédiée à l’histoire des collections d’antiques, elle constituera un lieu de choix pour appréhender ce nouvel ensemble de salles d’antiques. À l’étage inférieur, les anciens appartements d’Anne d’Autriche accueillant la statuaire romaine sont toujours fermés au public. Les travaux ne prendront fin qu’en 2024, laissant le temps aux visiteurs de voyager en Étrurie et de découvrir les autres peuples de la péninsule italienne… ou d’aller faire un tour chez les Grecs !

Focus : les salles de l’aile Sully, petite histoire des lieux…
Située dans la partie Renaissance du palais du Louvre, l’aile Sully fut au XVIe siècle lieu de résidence royale. Au premier étage, se trouvaient la chambre et l’antichambre du roi Henri II – qui donna son nom à ces espaces. À côté, la salle dite « des Séances » est une ancienne salle des gardes remaniée pour accueillir sous la Restauration la réunion des Chambres des députés et des pairs. Les sept souches de cheminées qui traversaient la pièce qui accueillit pendant près d’un siècle l’Académie des Sciences (entre 1699 et 1793) puis l’Institut (de 1796 à 1806), sont à l’origine du nom donné à la Salle des Sept cheminées. Son architecture fut remaniée au XIXe siècle par Félix Duban avec des décors mettant à l’honneur la peinture française de ce siècle. Quant à la Galerie Campana, ou « galerie du bord de l’eau » (qui fut aussi l’ancien nom de la Grande Galerie toute proche), elle a été nommée ainsi à la suite de l’acquisition en 1861 d’une grande partie de l’exceptionnelle collection de céramiques grecques du marquis Campana par Napoléon III, et inaugurée en 1863.
Gaspard Douin Cavard