
Bâtir une villa romaine du Haut-Empire (fin du Ier siècle de notre ère) en employant les outils et les méthodes de l’époque : voilà le pari audacieux autour duquel se rassemblent, tout près d’Aix-en-Provence, les membres du jeune projet RHEA. Nous avons rencontré leur président, Cédric Jaouën, archéologue spécialiste du bâti antique.
Propos recueillis par Jules Masson Mourey.
Racontez-nous la genèse du projet RHEA. En quoi celui-ci consiste-t-il ?
La problématique initialement posée par mes collègues et moi-même est double. D’une part : comment pourrions-nous mieux comprendre les méthodes utilisées par les bâtisseurs romains ? D’autre part : quelle serait ensuite la meilleure façon de transmettre ces connaissances au grand public ? De là, le projet RHEA est né en 2019, avec comme but la construction d’une villa de l’Antiquité romaine grâce aux techniques architecturales caractéristiques du début de notre ère. Au-delà des aspects « recherche » et « médiation », il est important de souligner aussi tous les bénéfices économiques, sociaux et même écologiques, pour la commune de Pourrières, dans le Var, où nous nous sommes implantés.

Quels seront les enjeux scientifiques d’une telle entreprise ?
La notion fondamentale, au cœur du projet, c’est l’expérimentation archéologique. En tenant compte, bien sûr, des normes actuelles, et avec l’étroite collaboration d’artisans spécialisés (l’un des membres fondateurs de notre association est tailleur de pierre), le chantier sera mené au plus près des savoir-faire antiques. Un comité scientifique est en cours de constitution, composé notamment de chercheurs de différents laboratoires, qui aura pour but de conseiller et d’orienter nos travaux dans leur développement. Nous ferons, en quelque sorte, le trait d’union entre la recherche « classique » et un savoir technique davantage empirique ! À terme, nous souhaitons doter le site d’un espace d’accueil et d’une bibliothèque pour les chercheurs et les étudiants travaillant sur ces thématiques, ainsi que pour les apprentis issus de structures de formation professionnelle.

Ceux qui le souhaitent peuvent-ils s’investir dans votre association ?
Bien sûr, nous nous renforçons d’ailleurs chaque année grâce aux compétences des nouveaux membres qui rejoignent l’aventure ! De nombreux chercheurs gravitent déjà autour du projet pour nous appuyer dans l’élaboration du cahier des charges du chantier ou dans l’établissement des objectifs scientifiques. Ces échanges vont s’intensifier au fur et à mesure des avancées. Par ailleurs, les dons financiers sont également les bienvenus, car les frais administratifs demeurent importants avant de pouvoir entamer la construction. Grâce à ces divers soutiens, le chantier pourra commencer – je l’espère – d’ici deux ou trois ans. Et à ce moment-là, il sera enfin possible de nous rejoindre pour « apporter sa pierre à l’édifice » (au sens propre du terme), au pied de la Sainte-Victoire !
Pour en savoir plus : www.projetrhea.com
