Dans le cadre de l’agrandissement d’un établissement scolaire, une partie d’un cimetière paroissial catholique du XVIIIe siècle a été mise au jour et fouillée lors du premier trimestre 2023 à Alès dans le Gard. Première du genre dans le centre de la ville, cette opération, conduite par Mosaïques Archéologie, a apporté une multitude de renseignements sur la population cévenole et ses pratiques funéraires à la fin de l’Ancien Régime, mais aussi sur l’évolution d’un quartier périurbain.
Occupée dès l’Antiquité, Alès est très mal connue par l’archéologie. Fortifiée et dotée de faubourgs à la fin du Moyen Âge, elle est marquée par les guerres de Religion au XVIe siècle. À la suite de la révocation de l’Édit de Nantes en 1685, la ville devient évêché en 1694 afin d’asseoir l’autorité catholique en ce pays protestant. Dès lors, l’église paroissiale, devenue cathédrale, fait l’objet de travaux d’agrandissement et d’embellissement, sans doute gênés par la présence du cimetière médiéval. La peste de 1721-1722 décide les autorités à le déménager hors les murs. Un sédiment peu propice à la décomposition des corps et l’agrandissement du rempart urbain en 1738-1741 ont raison de cette nouvelle nécropole, dont la fermeture est ordonnée dès 1755. Mais ses vicissitudes ne s’arrêtent pas là, puisque deux autres déménagements ont lieu en 1806 et en 1843 ! Le souvenir du cimetière de la rue Taisson ne subsiste alors que dans quelques écrits d’érudits locaux.
Vestiges médiévaux et modernes
Sur les 160 m2 fouillés de cette nécropole, des structures bâties assez mal conservées, antérieures au XVIIIe siècle, ont été découvertes. Elles se résument à des tranchées de récupération de pierres issues des maçonneries existantes. Parallèles et espacées de 6,50 mètres, elles se raccrochent à un mur principal d’axe nord/sud qui traverse toute l’emprise de fouille. Dessinant un plan en lanière, elles suggèrent l’existence d’un faubourg, que les céramiques associées incitent à dater de la fin du Moyen Âge. S’ensuit un épisode d’arasement, de récupération des murs et de remblaiement, qui pourrait être lié à la création de fortifications et de levées de terres dans cette partie de la ville lors des guerres de Religion, détruites après la signature de la Paix d’Alès en 1629. Les aléas de l’histoire ont ainsi déjà grandement bouleversé ce quartier lorsque le cimetière y est installé en 1722.
Christophe Vaschalde, responsable d’opération à Mosaïques Archéologie, membre associé, Aix-Marseille Université, CNRS, LA3M, Aix-en-Provence, Simon Moulières, archéologue responsable de secteur à Mosaïques Archéologie, Marie Marseille, anthropologue, Mosaïques Archéologie, Lucie Galano, historienne, Luminaria Recherches, Mosaïques Archéologie, Caroline Leblond, chercheure associée à l’EA4081, Sorbonne Université, Mosaïques Archéologie, et Aurélie Artuso, archéologue, Mosaïques Archéologie
Article à retrouver en intégralité dans :
Archéologia n° 627 (janvier 2024)
Quand l’humanité était plurielle
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