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Carnac : les dernières découvertes (8/9). Conserver et restaurer les mégalithes 

Application d’un test d’identification de sels sur une partie couverte d’un encroûtement blanc.

Application d’un test d’identification de sels sur une partie couverte d’un encroûtement blanc. © Émilie Heddebaux

À l’occasion de l’inscription des Mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en juillet dernier, Archéologia vous propose de faire le point sur les dernières découvertes menées sur ces monuments iconiques du Néolithique. En effet, depuis le XIXe siècle, ils sont au cœur de fouilles et de mesures de conservation qui visent à mieux percer leurs mystères. Coup de projecteur sur les dernières révélations.

Les auteurs de ce dossier sont : Olivier Agogué, administrateur des monuments nationaux de Bretagne, directeur du musée de Carnac, CNRS, UMR 6566 CREAAH ; Vincent Ard, CNRS, UMR 5608 TRACES, Toulouse ; Audrey Blanchard, responsable d’opération, Archeodunum, ERC NEOSEA ; Guillaume Bruniaux, Université La Rochelle, UMR 7266 LIENSs ; Florian Cousseau, postdoctorant au sein du projet Megalithic Origins de l’université de Durham au Royaume-Uni ; Céline Cornet, directrice adjointe du musée de Préhistoire de Carnac et coordinatrice du dossier ; Émilie Heddebaux, conservatrice-restauratrice, Association Paysages de Mégalithes, doctorante en conservation-restauration, Laboratoire Héritages, UMR 9022, INP ; Benjamin Gehres, chargé de recherche CNRS, UMR 6566 CReAAH, Laboratoire Archéosciences ; Valentin Grimaud, architecte-archéologue indépendant, LARA Nantes Université ; Jean-Noël Guyodo, enseignant-chercheur, UMR 6566, ERC NEOSEA ; Gwenaëlle Hamon, chercheuse indépendante, associée à l’UMR 6566 CReAAH ; Vivien Mathé, ArchéoSolution, Université La Rochelle, UMR 7266 LIENSs ; Bettina Schulz Paulsson, professeur, Göteborg University, ERC NEOSEA ; Astrid Suaud-Préault, Drac Bretagne, Service régional de l’archéologie, UMR6566 CREAAH

Menhir présentant une couverture microbiologique très étendue.

Menhir présentant une couverture microbiologique très étendue. © Émilie Heddebaux

La conservation des monuments mégalithiques est une problématique qui remonte aux premières découvertes. Les recherches récentes en archéologie du bâti ont montré l’importance de l’étude préalable de ces structures pour mieux les conserver. Mais ce sont aussi des objets archéologiques, certes de grande taille, qui requièrent les mêmes exigences que des vestiges mobiliers.

La difficulté pour le secteur de Carnac est la mise en place d’études sur des monuments à grande échelle. Aussi dès 2019, le Centre des monuments nationaux et l’association Paysages de Mégalithes se sont-ils associés pour créer un chantier-école d’élèves conservateurs-restaurateurs de l’Institut national du patrimoine. En 2024, quatre d’entre elles sont venues tester des protocoles de relevés et d’identification de phénomènes d’altération à la surface de monolithes néolithiques.

Un protocole à définir

Le premier site examiné fut l’enceinte de Kerlescan, qui comprend une quarantaine de menhirs en granite redressés à la demande de l’État en 1887. Les relevés ont porté sur les recouvrements biologiques, fissures, desquamations ou traces de rubéfaction. L’objectif était de constituer un premier relevé afin de suivre l’évolution de certains phénomènes à long terme, mais aussi de mettre en avant des altération en cours. Les recouvrements biologiques s’étendent sur la quasi-totalité de leur surface et peuvent constituer une « croûte » qui évolue peu. Leur absence peut aussi être source d’information (abrasion des surfaces ou désagrégation granulaire par exemple) et leur répartition nous renseigner sur des phénomènes en présence. Ainsi à Stonehenge, les lichens sont protégés, participent de la biodiversité des sites, et constituent des marqueurs de l’évolution de l’environnement.

Moisissures et sels hygroscopiques

Le second monument analysé est le dolmen de Mané Kerioned B, un dolmen réenfoui pour des raisons de conservation au début du XXe siècle. Mais, depuis des décennies, des voiles et des encroûtements blancs se développent sur les surfaces des orthostates, principalement sur les pierres gravées. Le but était d’identifier la nature de ces recouvrements et de tester la réaction à long terme d’un nettoyage à la vapeur d’eau. Les observations en UV, par microscope numérique, et les tests par bandelettes ont mis en avant la présence de moisissures et de sels hygroscopiques, tels que des sulfates, qui se sont formés à la suite de la restauration des années 1930.
Le travail du chantier-école 2024 constitue une introduction à une étude plus complète des phénomènes d’altération sur les monuments. Ces tests servent aussi à estimer l’impact d’une opération de conservation-restauration sur l’objet archéologique, afin de pouvoir, si besoin, intervenir pour arrêter certains types d’altération.

Sommaire

Carnac : les dernières découvertes

6/9. Le cairn de Goasseac’h, un géant de pierre au cœur de la Bretagne 

7/9. Dater les stèles du Plasker à Plouharnel

8/9. Conserver et restaurer les mégalithes 

9/9. Le nouveau musée de Carnac (à venir)