Le torque d’or et son double au Centre archéologique de Montans

La réplique du torque de Montans. © Raynaud Photo
Nous vous le présentions dans le numéro de septembre : le torque de Montans a fait l’objet d’une minutieuse réplique. Elle est aujourd’hui exposée dans ses terres natales après avoir siégé quelques semaines dans la capitale. Découvert au XIXe siècle, ce chef-d’œuvre d’orfèvrerie celtique longtemps énigmatique a livré une partie de ses secrets.
Mis au jour fortuitement en 1843 dans la terre argileuse d’un champ au sud de Montans, dans le Tarn, ce collier en or (à 98 % d’or pur) est resté enfoui sous terre pendant près de 2 000 ans ; découvert avec un bracelet plus modeste, il est de suite rapproché de pièces gauloises de même type déjà connues. Vendu, disparu, dépossédé de son identité, l’objet réapparaît, près d’un siècle plus tard, à New York en 1958 ; à tort attribué à la période scandinave, il est proposé au musée de Copenhague, qui y reconnaît le torque perdu de Montans ! C’est ainsi qu’après plus d’un siècle d’égarement, il est finalement acheté en janvier 1959, pour 1 500 000 francs, par le musée d’Archéologie nationale, où il est aujourd’hui conservé.
Odyssée expérimentale
Souhaitée depuis plus de dix ans, cette réplique a pu être réalisée grâce au soutien de l’École des Arts Joailliers, elle-même soutenue par la Maison Van Cleef & Arpels, et par la communauté d’agglomération Gaillac-Graulhet. Analysé au laboratoire de l’IRAMAT (Institut de recherche sur les archéomatériaux), étudié par Barbara Armbruster, de l’université de Toulouse Jean-Jaurès et spécialiste de l’orfèvrerie celtique, ce collier a pendant quatre ans été au cœur de toutes les recherches ; c’est enfin grâce au talent d’Antoine Legouy, ciseleur et Meilleur Ouvrier de France, qu’il a rencontré son parfait jumeau. Si un certain nombre de questions reste toujours en attente de réponses (pourquoi l’objet en fils d’or torsadés est-il si petit, pour qui et pourquoi a-t-il été réalisé ?), cette odyssée en archéologie expérimentale a notamment permis de comprendre que ce torque du IIIe siècle avant notre ère n’a pas été fabriqué selon la technique de la fonte à la cire perdue (comme attendu) mais à partir d’une fine tôle d’or, mise en forme et repoussée en relief, révélant alors un savoir-faire technique insoupçonné.

La réalisation de la réplique. © Guillaume Levelu
Montans et l’archéologie
Site antique connu depuis le XVIIIe siècle, Montans fait l’objet de recherches archéologiques dès le XIXe siècle ; depuis les années 1950 (si ce n’est plus tôt encore), l’archéologie est ancrée dans le quotidien des habitants – un lien que l’exposition renforce, en témoignent les nombreuses actions de médiation réalisées en ce sens. Outre les propositions pédagogiques à destination des plus (ou moins…) jeunes, visant à perpétuer le goût d’un artisanat de luxe, hors normes, et la réalisation d’un film documentaire retraçant les différentes étapes de ce projet, l’événement s’attache à la dimension mémorielle des gestes et valorise le torque comme source d’inspiration pour les jeunes créateurs en joaillerie et orfèvrerie. L’art de penser, de transmettre et de créer du beau.
« L’or et le geste. Le torque de Montans », jusqu’au 19 décembre au Centre archéologique de Montans, 33 avenue Élie Rossignol, 81600 Montans. Tél. 05 63 57 59 16 et musees-occitanie.fr





