Nombreuses et sombres, ces immensités des océans se refusent à l’homme ; mais, dans ces profondeurs, son histoire le rattrape au gré des naufrages, des avions abîmés en mer, de la remontée des eaux qui, depuis des millénaires, engloutit ses traces. Les abysses font rêver, fascinent les scientifiques et les archéologues ne font pas exception.
Pour les atteindre, ils déploient une formidable ingéniosité en inventant des outils qui les aideront dans leur collecte des données, là où l’humain est empêché. Déjà, en 1854, une folle plongée lacustre à Morges (Suisse) montrait que l’homme se donnerait les moyens d’atteindre son histoire où qu’elle se trouvât. Au XXIe siècle, des chercheurs ont fait de la robotique dernier cri leur spécialité. La rencontre heureuse entre quelques Sapiens a permis le reste : des robots qui portent des prénoms (Arthur, Hilarion…) et, aujourd’hui, un humanoïde né entre Stanford et la Méditerranée, Ocean One K.
L’archéologie, science de vieilleries ?
Avatar d’archéologue plongeur, il en a le corps, la tête, les yeux, des bras, des mains à 4 doigts pour saisir, depuis le bateau, ce qui repose par grands fonds. Il reste encore relié à la surface par un cordon qui l’entrave et demeure un peu maladroit dans ses gestes. Qu’importe. Né en 2016, il atteint à peine l’âge de raison. Nul doute qu’il saura grandir et murir avec le temps. Touchant, fascinant, il incarne cette conquête des abysses qui démontre que l’archéologie ne s’interdit rien, aucun défi. Qui osera dire que c’est une science de vieilleries ?
Anne Lehoërff
Professeur des universités, CY Cergy Paris Université
À voir : documentaire Ocean One K diffusé le 18 décembre à 20h55 sur Planete+