Les dodécaèdres bouletés ont majoritairement été découverts au nord des Alpes (en France, en Allemagne, en Belgique ou en Grande-Bretagne), mais aucun sur le pourtour méditerranéen (Italie, Espagne, Grèce, Égypte). Si on en dénombrait une quarantaine au début du XXe siècle, le corpus s’est depuis étoffé, au gré des publications, pour parvenir à près d’une centaine aujourd’hui. Le musée d’Archéologie nationale en conserve quatre. Acquis par l’intermédiaire des collections De Baye (en 1906), Courtot (en 1920) et Cottel (en 1952), ils sont sans contexte archéologique ni origine géographique précise. Encore récemment, ils étaient exposés dans une vitrine dédiée à la magie.
Qualifiés de bizarres, de curieux, d’énigmatiques, de mystérieux, ces objets ont fait couler beaucoup d’encre mais nous échappent toujours… Insaisissables, faut-il pour autant les ignorer ou accepter que leurs interprétations vacillent entre honnêteté scientifique et fantaisie ? Aussi, écrire sur les dodécaèdres gallo-romains tient avant tout de l’exercice de style.
Descriptif…
Ces objets sont coulés dans un alliage cuivreux. Un seul spécimen en fer est connu, celui de Kenchester, en Grande-Bretagne. Ces polyèdres sont composés de douze faces pentagonales, percées chacune d’un orifice. Plusieurs de ces ouvertures peuvent avoir le même diamètre. Certains côtés sont marqués de rainures concentriques, d’ocelles, de lignes ou d’encoches. Une petite sphère surmonte chaque angle formé de la réunion de trois faces. C’est la raison pour laquelle ils sont appelés « dodécaèdres bouletés » ou « perlés ». Les points communs entre ces objets sont : les douze ouvertures ; les plus grands rayons d’ouvertures se faisant face deux à deux ; la décoration sur huit à dix faces ; et les vingt sphères sur les sommets.
… et typologie
Mais certaines différences permettent de distinguer plusieurs types : le type 1 présente des faces décorées de trois rainures ou encoches concentriques, la plus interne entourant étroitement l’ouverture, les deux externes étant proches des bords de la face (l’objet du mois MAN68333 est de type 1) ; le type 2 voit les faces décorées d’ocelles ; le type 3 dispose d’une décoration composée de rainures et d’ocelles (combinaison des types 1 et 2 en somme) ; le type 4 offre une ligne parallèle soulignant simplement les bords de chaque face ; enfin, sur le type 5, les bords des ouvertures et les bords de chaque face sont entaillés de sillons parallèles.
Sophie Féret et Rémi Saget
À retrouver en intégralité dans :
Archéologia n° 621 (juin 2023)
Pour une archéologie de la Seconde Guerre mondiale
81 p., 11 €.
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