Le musée royal de Mariemont consacre une exposition à la troisième grande phase de développement de la cité mésopotamienne de Mari (fin du IIe-début du IIIe millénaire avant notre ère). Cette ville du bord de l’Euphrate, située dans l’actuelle Syrie et aujourd’hui site martyr, a notamment été étudiée par l’épigraphiste liégeois Georges Dossin, l’un des pionniers de l’assyriologie belge.
« L’histoire de Mari, comme de bien d’autres villes du Proche-Orient, est une succession de destructions et de reconstructions, explique Arnaud Quertinmont, conservateur des antiquités égyptiennes et proche-orientales au musée royal de Mariemont et commissaire de l’événement. Fondée vers 2900 avant notre ère, la ville est en partie détruite vers 2300 par les armées de l’empire d’Akkad. Elle est progressivement reconstruite par les Shakkanakku, à l’origine simples gouverneurs, qui s’émancipent progressivement et redonnent à Mari toute son importance géopolitique, artistique et commerciale. » Ce sont ces travaux de reconstruction et d’embellissement de Mari, qui constituent le dernier état de la ville, que l’exposition cherche à appréhender, tout en mettant en valeur les fouilles qui ont permis de connaître le site.
Une découverte fortuite
Le parcours débute donc par une présentation de la mission conduite par André Parrot, dépêché par le musée du Louvre à la suite de la découverte fortuite, en 1933, d’une première statuette. Photographies, films et documents d’archives viennent évoquer la concession octroyée par la Syrie, alors sous mandat français, prévoyant le partage à parts égales avec la France de tous les objets issus des fouilles, et qui durera jusqu’à l’indépendance de 1946, ou encore la collaboration fructueuse entre André Parrot et l’épigraphiste Georges Dossin.
Palais et temples des Shakkanakku
Le cœur de l’exposition est consacré aux constructions des Shakkanakku, et notamment aux temples et au Grand palais royal, cœur administratif, économique et religieux de la cité. Au nombre des pièces remarquables présentées se trouvent des statues de gouverneurs, des dépôts de fondation (notamment un coffret en pierre avec plaque de bronze percée et ornements précieux en or, lapis-lazuli et cornaline), une magnifique statue de porteur de chevreau en albâtre représentant un acte d’offrande et l’un des deux fameux avant-trains de lions en cuivre qui gardaient le temple du Seigneur du Pays. La chapelle du palais, effondrée dès les années 1930, est ressuscitée grâce aux relevés de son décor sur cellophane et les tentatives de restitutions ultérieures, en 1957, par le dessinateur de la mission, Pierre Hamelin, sur trois calques exposés ici pour la première fois. Le parcours insiste, pour terminer, sur la fragilité du site – conquête et incendie de la cité par Hammurabi, roi de Babylone, en 1759 avant notre ère, destructions inhérentes aux fouilles elles-mêmes, pillages et vandalisme liés au conflit syrien à partir de 2011 – et sur les efforts menés pour sa protection, tant que les vestiges étaient encore accessibles.
Alice Tillier-Chevallier
« Mari en Syrie. Renaissance d’une cité au 3e millénaire »
Jusqu’au 7 janvier 2024 au domaine et musée royal de Mariemont
100 chaussée de Mariemont, 7140 Morlanwelz
Tél. : 00 32 64 273 741
www.musee-mariemont.be
Catalogue, musée royal de Mariemont, 304 p., 35 €.
https://www.librairie-archeologique.com/index.html?produit=56172
Voir aussi notre dossier paru dans Archéologia n° 623, septembre 2023, p. 28-43.