Nos itinéraires de l’été 2025 (16/17). Un grand bol d’art frais

Cette année encore, la désormais célèbre ligne verte nantaise se manifeste à travers la ville et invite les piétons à un parcours placé sous le signe de l’étrangeté. Conçu par Jean Blaise, cet itinéraire explore volontiers le thème du carnaval, un moment propice au renversement éphémère de l’ordre établi et à l’inversion des rôles. Les œuvres exposées dans la ville, des plus visibles aux plus discrètes, ambitionnent de provoquer des rencontres improbables, à la source de l’étrangeté.

Prune Nourry (née en 1985), Mothership. Esquisse. © LVAN © Adagp, Paris, 2025

La Ville de Saint-Gervais organise cet été la 4^e édition de la Biennale d’art contemporain Artocène. Intitulée « Corps augmentés », elle présente le travail de douze artistes qui, à partir du paysage alpin et de la pratique de l’alpinisme, développent une réflexion sur la manière dont les organismes évoluent ou s’adaptent à leur environnement, que ce soit naturellement ou grâce à la science et à la technologie. Plusieurs temps forts (performances, lectures, ateliers…) marqueront les deux mois et demi que dure la manifestation.

Panos Profitis (né en 1988), Sharp Scythe I, 2023. Photo service de presse. © Thanassis Gatos

Face au succès de la première édition, l’exposition « Grandeur nature » organisée au château de ­Fontainebleau devient une biennale. La manifestation se déploie dans tout le domaine et ouvre sur la forêt alentour. Plus de quarante œuvres invitent les visiteurs à s’interroger « sur le fonctionnement d’un écosystème qui paraît éternel mais s’avère fragile et altéré par les changements climatiques ». Les vingt-cinq artistes retenus entretiennent tous un rapport original à la nature, propre à sublimer la beauté des lieux.

Miguel Chevalier (né en 1959), Fractal Flower, 2025. Tirage aluminium, 380 x 200 x 200 cm. Prêt de l’artiste. Photo service de presse. © Thomas Granovsky © Adagp, Paris, 2025

Pour sa neuvième édition, « Un Été au Havre » renouvelle une fois encore le regard des habitants et des visiteurs sur la ville grâce à l’art contemporain. Gaël Charbau, chargé de la direction artistique de la manifestation, a souhaité que l’art « dépasse la frontière entre les espaces privés et publics, qu’il s’étende sur de nouveaux quartiers, qu’il déborde délicatement de la saison estivale ». Des cabanes de plages revisitées par Elsa & Johanna à l’expérience sonore proposée par Méline Grellier, en passant par les voiles oniriques de Nefeli Papadimouli, le parcours transfigure la ville le temps d’un été.

Erwin Wurm (né en 1954), Narrow House, 2022, square Claude Érignac, « Un été au Havre ». Photo service de presse. © Marin David © Adagp, Paris, 2025

À Amiens prend place la 16^e édition du Festival international de jardins. Pour l’occasion, les hortillonnages, ces marais entrecoupés de canaux où l’on pratique le maraîchage, deviennent le théâtre de quarante-neuf créations contemporaines. Jardins, installations artistiques et projets étudiants transforment ce site naturel d’exception en musée à ciel ouvert, que l’on peut parcourir à pied ou en barque. Conçues en harmonie avec le paysage, les œuvres interrogent les visiteurs sur les grands enjeux environnementaux de notre temps, de la biodiversité et des écosystèmes fragiles à la gestion de l’eau et au développement durable.

Sphère nourricière, Bordet-Chavannes, Brégeon, Laskowski_A&JHDF. Photo service de presse. © Yann Monel

En écho à la 3^e Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC), la Ville de Nice a choisi de consacrer cette nouvelle édition de la Biennale des Arts et de l’Océan à la mer. La programmation s’articule autour de onze expositions, présentées dans sept musées de la ville, ainsi qu’au 109, le tiers lieu de Nice, et à la Villa Arson. Nouveauté cette année : un parcours d’œuvres d’art dans la ville, qui se déploiera sur la Promenade des Anglais et la Promenade du Paillon. Celles-ci explorent l’imaginaire qui entoure l’océan, tout en reflétant les enjeux débattus lors de l’UNOC.

Laure Prouvost (née en 1978), Landed Here to Sea You, With All Our Very Breasts, 2023. Sculptures en bronze, verre soufflé, composants électriques, 288 x 825 x 1121 cm. Photo service de presse. © Laure Prouvost / Courtesy Lisson Gallery – Production Ville de Nice – Biennale des Arts et de l’Océan, 2025 « La mer autour de nous » – Photo : Jean-Chistophe Lett © Adagp, Paris, 2025

Surgissant de l’histoire, Le Carrosse de Xavier Veilhan (né en 1963) fait irruption dans la cour d’honneur du château de Cadillac, seize ans après avoir investi celle du château de Versailles. Résultant d’une commande du ministère de la Culture, cette sculpture monumentale offre un voyage hors du temps, au croisement du patrimoine et de l’imaginaire. Réalisée à partir d’un travail de modélisation 3D, elle offre une réinterprétation cinétique et futuriste d’un carrosse du Roi Soleil et est tout à fait emblématique des recherches de l’artiste autour de la perception.

Xavier Veilhan (né en 1963), Le Carrosse (2009) au château ducal de Cadillac. Photo service de presse. © E. Gadiou – CMN © Adagp, Paris, 2025

Quoi de plus pertinent qu’une installation vidéo immersive dédiée à la mer dans cette ville façonnée par son histoire maritime ? C’est ainsi qu’y prend place cet été la poignante œuvre Ad Infinitum de Tania Mouraud (née en 1942). À travers des plans serrés, elle capture les mouvements des baleines qui apprennent à leurs petits à nager contre le courant. Cette vidéo qui confronte les spectateurs à la force de la nature cherche à attirer leur attention sur une situation alarmante : la mer, cette ressource que l’on imaginait infinie, est aujourd’hui menacée.

Tania Mouraud (née en 1942), Ad Infinitum, 2009. Centre national des arts plastiques. Photo service de presse. © Adagp, Paris, 2025 © Cnap

Cet été, le Mont-Saint-Michel accueille entre ses murs une installation immersive de l’artiste brésilien Cildo Meireles (né en 1948). Le réfectoire des moines prend une tout autre dimension grâce à la présence de Marulho, une œuvre qui recrée un paysage maritime avec une grande économie de moyens. Au sol, des fascicules qui reproduisent des photos de la mer constituent les vagues, tandis qu’une bande sonore confère une dimension poétique à l’ensemble. Ce projet daté de 1991 se voit doté d’une signification renouvelée, à l’heure où l’urgence climatique est plus que jamais d’actualité.

Ce ne sont pas un mais deux artistes qui seront présentés à l’Hôtel de la Marine cet été. Avec sa Barricade (2007) composée de sièges en tous genres, Dominique Mathieu (né en 1970) questionne les limites du design, tout en jouant sur l’imaginaire des barricades. On retrouve ce motif de chaise, symbole du pouvoir et de son instabilité, chez Jems Koko Bi (né en 1966). Dans Carnet intime (2017), l’artiste détourne cet objet du quotidien dans une sculpture qui rappelle à quel point l’équilibre du pouvoir est précaire. Deux propositions loin d’être anodines dans l’ancien Garde-Meuble de la Couronne qui surplombe la place de la Concorde, haut lieu de la Révolution.

Dominique Mathieu (né en 1970), Barricade, 2007. Accumulation de mobilier d’usage contemporain. Collection du Centre national des arts plastiques. Photo service de presse. © Adagp, Paris, 2025

Dans le cadre de son partenariat avec le Cnap, le château d’Oiron provoque une rencontre entre l’esprit de la Renaissance et l’art contemporain à travers la figure légendaire de la licorne. L’animal qui a fasciné l’homme de la Renaissance qu’incarne Claude Gouffier, Grand Écuyer du roi Henri II et autrefois propriétaire des lieux, est également au cœur de l’œuvre conçue par Yona Friedman (1923-2019), architecte français d’origine hongroise, installé au château pour l’été.

Yona Friedman, Sans titre. Centre national des arts plastiques. Photo service de presse. © Adagp, Paris, 2025 © Cnap / Fabrice Lindor

1/17. Cap sur la Bretagne

2/17. Sous le soleil de Provence

3/17. Dans les pas des maîtres

4/17. Les arts du feu

5/17. 5 expériences immersives pour remonter le temps pendant les vacances

6/17. Corps-à-corps

7/17. 5 spectacles enchanteurs dans des monuments d’exception

8/17. Femmes, muses et artistes

9/17. L’art et la mode

10/17. Plein les yeux !

11/17. À chacun son style

12/17. Objectif photo

13/17. La saison Brésil/France

14/17. Le règne animal

15/17. Célébrer la nature

16/17. Un grand bol d’art frais

17/17. Un Picasso intime au fil de la Méditerranée