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Pierre Buraglio prit sur le vif à Orléans

Vue de l'exposition avec les dessins de diacres réalisés par Pierre Buraglio (né en 1939) d'après les études de Pierre Subleyras pour La Messe de saint Basile conservées dans le musée.

Vue de l'exposition avec les dessins de diacres réalisés par Pierre Buraglio (né en 1939) d'après les études de Pierre Subleyras pour La Messe de saint Basile conservées dans le musée. Photo service de presse. © MBA Orléans

Depuis plusieurs années, le musée des Beaux-Arts d’Orléans favorise le dialogue entre création contemporaine et art ancien en invitant des artistes à interagir avec ses collections. Jusqu’au 21 septembre, il met en lumière la production graphique de Pierre Buraglio (né en 1939) depuis ses débuts, dans les années 1960, jusqu’à aujourd’hui, à travers carnets de dessin, estampes, collages et œuvres abstraites.

Déployée dans le parcours permanent du musée, au sein des quatre cabinets d’arts graphiques, cette rétrospective présente l’œuvre sur papier de l’artiste pour la première fois et dans toute sa diversité.

« J’ai défendu et je continue de défendre le dessin d’observation, à vue, et celui d’après les maîtres, même si je me suis toujours méfié du savoir-faire. »

Pierre Buraglio

D’après les maîtres

Formé aux Beaux-Arts de Paris, Pierre Buraglio s’inscrit spontanément dans la tradition en dessinant d’après les maîtres et en noircissant les pages de ses carnets au gré de ses voyages et déplacements. « J’ai défendu et je continue de défendre le dessin d’observation, à vue, et celui d’après les maîtres, même si je me suis toujours méfié du savoir-faire », confie-t-il dans un entretien à Philippe Bouchet, commissaire de l’exposition. Dans le premier cabinet, au deuxième étage, sont réunis quelques carnets – le plus ancien datant de 1962 – ainsi que différents crayonnés récents réalisés à partir du Saint Thomas de Velázquez (1619-1620) et de deux études – Diacre portant un candélabre et Diacre portant un calice (vers 1743) – pour La Messe de saint Basile de Pierre Subleyras, tous trois conservés dans le musée.

Autoportraits en dialogue

Le deuxième cabinet est consacré à la thématique de l’autoportrait, que Buraglio réalise tout d’abord dans la continuité des exercices d’apprentissage, se plaçant naturellement dans la logique du jeune artiste interrogeant l’histoire de l’art et ses grands genres. C’est pour lui le moyen d’entretenir un dialogue avec des prédécesseurs qu’il reconnaît comme ses figures tutélaires, tels Pierre Bonnard (1876-1947), dont il prend la pose de boxeur en référence au tableau conservé au musée d’Orsay (1931), Jean Hélion (1904-1987) ou Jean-Siméon Chardin (1699-1779) dont il décline à l’envi le célébrissime autoportrait au pastel conservé in situ. Une série d’œuvres mêlant lithographie, sérigraphie, collage, pochoir, chutes de toiles de Simon Hantaï (1922-2008) affiche paradoxalement une tête évidée : « J’ai éludé, j’ai enlevé la face, considérant que le vide renforce la présence plutôt qu’un visage très bien copié », souligne l’artiste qui croit en « une présence de l’absence ».

« Ressourcement » auprès de Poussin

Dans ces nombreux travaux réalisés autour des grandes figures du passé – ce que l’artiste nomme le « ressourcement » –, Nicolas Poussin tient une place à part. Une commande reçue pour l’exposition « Poussin : Le Massacre des Innocents, Picasso, Bacon » qui s’est tenue en 2017-2018 au château de Chantilly sous l’égide de Pierre Rosenberg, lui a donné l’occasion d’étudier la composition et les lignes de force de ce chef-d’œuvre de la peinture classique française et d’en extraire un groupe de seize œuvres, à nouveau réunies à Orléans dans le troisième cabinet. Cette approche a pris également une dimension littéraire lors de la publication en 2003 de l’ensemble de ses notes éparses sur Poussin sous le titre Le Pécheur à la ligne.

Vue de l'exposition avec le travail de Pierre Buraglio (né en 1939) sur Le Massacre des Innocents de Nicolas Poussin.

Vue de l'exposition avec le travail de Pierre Buraglio (né en 1939) sur Le Massacre des Innocents de Nicolas Poussin. Photo service de presse. © MBA Orléans

Renouvellement et résistance

Le parcours s’achève au sous-sol du musée, aux côtés des amis Jean Hélion et Simon Hantaï, dont l’institution conserve plusieurs œuvres majeures. On y découvre les Agrafages, réalisés à partir d’anciennes toiles découpées en triangles irréguliers, dont l’aspect final peut se confondre avec des œuvres sur papier, mais aussi les fameux assemblages de paquets de Gauloises bleues collectés avec sa fille Claude, ainsi qu’une série d’infographies (tirage d’une œuvre numérisée) dédiée à des figures de la résistance, de Jeanne d’Arc à Jean Zay en passant par la Commune de Paris.

« Sur le vif, et précédemment. Pierre Buraglio, œuvres sur papier (1960-2025) », jusqu’au 21 septembre 2025 au musée des Beaux-Arts, place Sainte-Croix, 45000 Orléans. Tél. 02 38 79 86. www.orleans-metropole.fr

Catalogue, coédition musée des Beaux-Arts d’Orléans / Liénart, 128 p., 25 €.