Le média en ligne des Éditions Faton

Toutânkhamon : le trésor du pharaon brille à Paris (2/4). Qui était Toutânkhamon ?

Masque en or de Toutânkhamon. H. : 54 cm. Le Caire, musée égyptien.

Masque en or de Toutânkhamon. H. : 54 cm. Le Caire, musée égyptien. © Luisa Ricciarini / Leemage

À l’occasion du centenaire de la découverte de la tombe de Toutânkhamon par Howard Carter en novembre 1922, le ministère des Antiquités égyptiennes et la société américaine IMG ont mis sur pied une exposition internationale itinérante : « Toutânkhamon, le Trésor du Pharaon ». Elle rassemble pour la première fois cent cinquante objets originaux de la tombe du pharaon, pour certains jamais sortis d’Égypte. Cet événement permet d’admirer à Paris les trésors du plus célèbre pharaon égyptien à la lumière des dernières connaissances.

Mains incrustées d’or tenant la crosse et le fléau (détail). Or, verre, cornaline et argent. Chambre funéraire. GEM 759-A.

Mains incrustées d’or tenant la crosse et le fléau (détail). Or, verre, cornaline et argent. Chambre funéraire. GEM 759-A.

Toutânkhamon est l’un des derniers rois de la XVIIIe dynastie d’Égypte. Peu de détails de sa vie sont avérés. Son père, le pharaon Akhénaton, était considéré comme hérétique car il imposa le culte du disque solaire Aton au détriment de celui des autres dieux. Le nom d’Akhénaton, comme celui de son fils et ensuite d’Aÿ, fut donc consciencieusement omis des registres officiels de l’histoire égyptienne.

Qui se cache derrière le masque en or de Toutânkhamon ?

Une restauration récente du masque en or a révélé une inscription mentionnant Ankhe(et)kheperourê-Merytneferkheperourê . Il s’agirait de Mérytaton, la fille aînée du couple Akhénaton-Néfertiti, pour qui aurait été constitué un fabuleux mobilier funéraire. Mais c’est son frère, Toutânkhamon, qui en aurait bénéficié à sa mort. Trop fragile pour voyager, ce masque n’est pas présent dans l’exposition parisienne. Né vers 1340 avant notre ère, probablement dans la ville égyptienne d’Akhétaton, connue aujourd’hui sous le nom de Tell el-Amarna, Toutânkhamon serait le fils d’une des sœurs et épouses d’Akhénaton (dont nous connaissons la momie appelée Younger Lady). Il devient pharaon à l’âge de 8 ou 9 ans, vers 1336 avant notre ère. Dans son enfance, le roi et sa cour déménagent de Tell el-Amarna à Memphis. À la mort de son père, il change de nom : de Toutânkhaton (« image vivante d’Aton ») il devient Toutânkhamon (« image vivante du dieu Amon »), marquant ainsi un retour au culte polythéiste. Sa demi-sœur et épouse, Ânkhesenpaaton (« Elle vit pour Aton ») devient, elle, Ânkhesenamon (« Elle vit pour Amon »). Si le couple a eu des enfants, aucun n’a survécu : on a retrouvé les fœtus de deux enfants mort-nés dans le tombeau du pharaon.

Statue colossale de Toutânkhamon usurpée par Horemheb. Quartzite, H. : 285 cm. Louxor, Médinet Habou, temple d’Aÿ et d’Horemheb. GEM 2223.

Statue colossale de Toutânkhamon usurpée par Horemheb. Quartzite, H. : 285 cm. Louxor, Médinet Habou, temple d’Aÿ et d’Horemheb. GEM 2223. © Luisa Ricciarini / Leemage

Naos en bois doré présentant des scènes de Toutânkhamon et Ânkhesenamon

Emprunté au grec, le terme naos désigne le cœur le plus sacré et secret d’un temple. En Égypte, il abrite souvent une statue du dieu. Ce naos miniature contenait une statuette de Toutânkhamon, dont il ne reste plus que le piédestal et le pilier dorsal.

L’héritage stylistique amarnien

La souplesse des mouvements, la finesse des corps et des costumes rappellent le naturalisme de l’époque d’Akhénaton, rompant avec les conventions artistiques précédentes. Les scènes intimistes célébrant le couple royal sont inspirées des scènes familiales typiques du règne d’Akhénaton et Néfertiti.

Un temple divin

Prenant la forme d’un temple miniature, le naos est placé sur un traîneau, que l’on utilisait pour transporter les statues des dieux. Sa couleur or évoque la couleur de la chair des dieux ainsi que le culte solaire.

Les cartouches d’Ânkhesenamon

Ils sont accompagnés du titre de Grande Épouse royale et de formules de longue vie et de prospérité, dont Ânkhesenamon est garante.

Une reine source de vie

Les scènes d’offrandes montrent le rôle essentiel d’Ânkhesenamon, transmettant l’énergie vitale au roi. Le sistre et le collier menat, les fleurs de lotus et les diverses offrandes liquides symbolisent la renaissance et la fertilité, dont la reine est également garante.

Naos en bois doré présentant des scènes de Toutânkhamon et Ânkhesenamon. Bois, gesso, feuille d’or. H. : 50,5 cm. GEM 199-1.

Naos en bois doré présentant des scènes de Toutânkhamon et Ânkhesenamon. Bois, gesso, feuille d’or. H. : 50,5 cm. GEM 199-1.

Règne et mort

Ses dix années de règne sont marquées par la restauration des cultes abandonnés par son père ; le dieu Amon retrouve une place centrale dans son grand temple de Karnak. La région thébaine reçoit ainsi l’attention du jeune souverain, comme l’attestent les restaurations et constructions nouvelles ou l’érection de stèles et de statues, à Karnak et au temple de Louxor. Plusieurs hypothèses ont été émises autour de la mort du pharaon aux alentours de ses 18-19 ans. Longtemps, on a supposé qu’il était décédé des suites d’un accident, vers 1326 avant notre ère. Une radiographie faite en 1968 a révélé que son crâne portait des blessures. Des images médicales plus récentes ont également dévoilé une fracture à la jambe gauche. En 2009, les résultats des analyses d’ADN ont, elles, montré des signes probants de malaria. Le Dr Hawass a alors émis l’hypothèse que Toutânkhamon, affaibli, serait mort à la suite de l’infection d’une blessure accidentelle ouverte à la jambe. Le pharaon est enterré dans la vallée des Rois, où il demeura pendant près de 3300 ans, jusqu’à la découverte de son tombeau par Howard Carter en novembre 1922. Si l’impressionnante collection de trésors a été déplacée, sa dépouille momifiée repose encore dans son tombeau.

Couvercle de vase canope à l’effigie de Toutânkhamon

Les vases canopes, réceptacles des entrailles du défunt, prennent une forme particulièrement sophistiquée dans la tombe de Toutânkhamon. La délicatesse du visage est sublimée par le choix du matériau et les rehauts de peintures ; le visage juvénile du pharaon est orné de la coiffe royale traditionnelle et les oreilles percées comme il était d’usage sous son règne. 

Couvercle de vase canope en calcite avec la tête du roi. Calcite (albâtre), H. : 24 cm. GEM 347.

Couvercle de vase canope en calcite avec la tête du roi. Calcite (albâtre), H. : 24 cm. GEM 347. © Luisa Ricciarini / Leemage

Sommaire

Toutânkhamon : le trésor du pharaon brille à Paris

2/4. Qui était Toutânkhamon ?