Le Grand Musée égyptien de Gizeh : la vitrine ultime de l’art pharaonique

L'entrée du Grand Musée égyptien. © GEM
Attendue depuis des décennies, reportée à plusieurs reprises, l’ouverture officielle du Grand Musée égyptien est enfin prévue pour le début de ce mois de novembre. Elle révèle la nouvelle présentation du trésor de Toutankhamon, exposé pour la première fois dans son intégralité, ainsi que de nombreuses autres merveilles de l’art des bords du Nil.
À l’extrémité nord du plateau de Gizeh, le Grand Musée égyptien (Grand Egyptian Museum ou GEM) offre à la fois une vue extraordinaire sur les pyramides de Khéops, Khephren et Mykérinos, et un panorama exceptionnel sur l’Égypte antique. Accueillant près de 130 000 œuvres, il se flatte d’être le plus grand musée archéologique au monde. Au terme de travaux pharaoniques, ayant coûté plus d’un milliard de dollars, il affiche une façade imposante de 50 m de haut, animée de motifs triangulaires évoquant les iconiques structures antiques. Ces éléments réalisés en albâtre, associés à des panneaux vitrés, créent un jeu de lumière évoluant sans cesse au fil des heures du jour et de la nuit. Ils sont emblématiques de cette architecture ambitieuse associant innovations techniques (pour obtenir une bonne isolation thermique) et multiples références aux constructions traditionnelles égyptiennes (dont l’usage de matériaux locaux comme le calcaire).
Un lien visuel entre les pyramides et le Nil
Doté des systèmes les plus performants de climatisation, mais aussi de contrôle de la qualité de l’air et de l’hygrométrie, le Grand Musée égyptien assure proposer d’excellentes conditions, à la fois pour l’accueil des visiteurs et la conservation des œuvres. Le bâtiment, édifié dans un dénivelé, a été conçu pour créer un lien visuel entre les pyramides et le Nil qui coule en contrebas. Sa silhouette qui s’étire en longueur rappelle le gigantisme des reliefs égyptiens autant que des monuments antiques. L’entrée se présente comme une fente dans une immense paroi. Elle donne accès à un grand atrium, orné des cartouches des principaux pharaons, dans lequel s’élève une statue colossale de Ramsès II.
Vue aérienne du Grand Musée égyptien. © GEM
Lumière sur Ramsès II
Dans l’atrium, un subtil jeu de lumière magnifie le premier chef-d’œuvre du musée que découvrent les visiteurs : la statue colossale de Ramsès II. Mise au jour dans la seconde moitié du XIXe siècle, elle provient de Mit Rahina, sur le site de Memphis. Plusieurs statues similaires de plus de 11 m de haut, représentant le pharaon vêtu d’un pagne, coiffé du némès et du pschent (la couronne composite symbolisant l’alliance de la Haute et de la Basse-Égypte), avaient été élevées devant le temple de Ptah dans l’antique capitale du royaume. L’une d’elles est conservée sur place, au musée du site archéologique de Mit Rahina, allongée au rez-de-chaussée du bâtiment de façon à ce que les visiteurs puissent la contempler du haut de la galerie du premier étage. Une autre, en meilleur état, avait été transportée en 1955 jusqu’au Caire pour être élevée sur la place Ramsès devant la gare centrale.
Ce chef-d’œuvre de la statuaire antique était ainsi devenu l’un des monuments emblématiques de la capitale au point qu’une copie avait même été placée devant l’aéroport international du Caire. Encrassé par la pollution, ce colosse de 80 tonnes a été transporté au Grand Musée égyptien pour y être nettoyé dans les laboratoires de restauration afin de lui redonner toutes les nuances originelles de son granit rose. Première statue à avoir été installée dans le musée en janvier 2018, il en constitue maintenant l’un des symboles.
Son emplacement et son orientation par rapport aux portes d’entrée ont été savamment calculés afin de reproduire dans le musée le phénomène lumineux observable deux fois par an dans le temple d’Abou Simbel. À la veille des 22 février et 22 octobre (ce qui correspondrait aux dates de la naissance du pharaon et de son couronnement), les rayons du soleil illuminaient directement la statue royale, couverte de feuilles d’or, située dans la partie la plus reculée du sanctuaire, afin que l’énergie du dieu Rê la régénère.

Statue colossale du pharaon Ramsès II. © GEM
Immense espace d’exposition
Un impressionnant escalier de 108 marches, couvert de statues de divinités et de pharaons, mène aux baies panoramiques qui offrent une vue époustouflante sur le plateau de Gizeh et les pyramides. Au premier étage, l’immense espace d’exposition permanente de 24 000 m2 propose, au fil de ses douze galeries, un parcours à la fois chronologique et thématique, couvrant plus de 3 000 ans d’histoire de l’Égypte ancienne, de la Préhistoire aux époques hellénistique et romaine. S’organisant selon trois thèmes principaux (la société, le pouvoir et les croyances), il aborde le développement de l’agriculture, la naissance de l’écriture hiéroglyphique et tous les aspects de la vie quotidienne ; s’intéresse à la constitution de l’État, à la puissance des pharaons et au rôle des reines comme Hatchepsout ; et enfin à l’importance des mythes et des rites funéraires. De multiples dispositifs multimédia permettent au public d’approfondir la connaissance des œuvres. Ils restituent leur contexte d’origine et fournissent des informations détaillées sur les décors ou les techniques de création.
L’escalier monumental du Grand Musée égyptien. © GEM
Le Grand Musée égyptien en chiffres
Surface : 47 ha de terrain dont 13 ha pour le bâtiment principal du musée et 12 ha pour le jardin
Espaces d’exposition : 24 000 m2 dont 7 000 m2 pour le trésor de Toutankhamon
Coût : 1,1 milliard de dollars (soit le double de l’estimation initiale)
Nombre d’œuvres : 130 000
Une réunion d’œuvres exceptionnelle
La muséographie épurée et dynamique réunit des œuvres provenant de musées de tout le pays, et en particulier du Musée égyptien du Caire. Elle a le grand mérite de présenter pour la première fois aux visiteurs de nombreuses pièces auparavant conservées dans les réserves du bâtiment historique de la place Tahrir, mais aussi de rassembler des collections jusqu’alors dispersées dans différentes institutions. Étroitement lié aux campagnes de fouilles actuelles grâce à son centre de recherche scientifique doté de laboratoires d’étude et de restauration, le Grand Musée égyptien dévoile également des découvertes archéologiques récentes, comme celles réalisées sur le site de Saqqarah. Il met par ailleurs particulièrement en valeur les rares vestiges remontant aux règnes des pharaons de la IVe dynastie, bâtisseurs des trois pyramides, Khéops, Khephren et Mykérinos. Si rien ne subsiste des trésors amassés dans les chambres funéraires des pyramides de Gizeh en raison des pillages commis dès l’Antiquité, le mobilier funéraire en bois incrusté d’or de la mère de Khéops, la reine Hétep-Hérès Ire, venu du musée du Caire, constitue un exceptionnel témoignage du faste royal de l’Ancien Empire.
Statue de la reine Hatshepsout. © GEM
Quel avenir pour le Musée égyptien du Caire ?
Longtemps débattu, le projet de transférer la totalité des collections du Musée égyptien du Caire au Grand Musée égyptien a finalement été abandonné. Le bâtiment historique de la place Tahrir, construit par l’architecte français Marcel Dourgnon, devrait être entièrement rénové et équipé de nouveaux systèmes de sécurité et de climatisation. La nouvelle muséographie mettra en valeur l’architecture et l’histoire du monument. Elle retracera également la fondation de l’institution en 1858 par Auguste Mariette qui mit en place, la même année, le Service des Antiquités d’Égypte. Et soulignera l’importance du rôle de l’égyptologue dans les grandes étapes de la constitution des collections et de l’aménagement du musée sur plusieurs sites successifs.

Masque funéraire en or de Psousennès Ier, issu du trésor de Tanis. Troisième Période intermédiaire (1040-990 avant notre ère). © Philippe Maillard, akg‑images
Dorénavant consacré au développement de l’art égyptien, le Musée égyptien de la place Tahrir expose toujours des pièces aussi essentielles pour l’égyptologie que la palette de Narmer, l’une des plus anciennes œuvres mises au jour et la première représentation connue du pharaon qui apparaît en souverain triomphant de ses ennemis (vers 3200 avant notre ère). Il conserve toujours également les célèbres statues de Rahotep et Nofret, devenues des icônes de l’institution, mais aussi le mobilier funéraire de Youya et Touya, les parents de la reine Tiy, épouse d’Aménophis III, qui obtinrent le privilège exceptionnel d’être ensevelis dans la Vallée des Rois réservée aux tombeaux des souverains. Leur sépulture, l’une des rares à avoir échappé au pillage, a révélé des œuvres d’un haut degré de raffinement : masques funéraires en or, sarcophages en bois doré, coffret, char… Quant au trésor de Tanis provenant des tombes des souverains des XXIe et XXIIe dynasties, comprenant notamment le sarcophage en argent ainsi que le masque funéraire et les parures en or de Psousennès Ier, il se déploie désormais dans les salles auparavant dédiées au trésor de Toutankhamon.

Le Musée égyptien du Caire, place Tahrir en 2008. Photo D.R.
Le trésor de Toutankhamon
L’une des réussites majeures du Grand Musée égyptien demeure l’exposition du trésor de Toutankhamon dans son intégralité. Alors que le musée du Caire n’en présentait que (!) 2 000 pièces, l’ensemble de plus de 5 000 œuvres est, un siècle après sa découverte, maintenant visible pour la première fois dans sa totalité. La longue campagne de restauration (une dizaine d’années) a révélé de somptueux détails de sculpture et d’orfèvrerie. Dans un espace de 7 000 m2, une scénographie spectaculaire à l’éclairage mystérieux évoque la pénombre de la tombe de la Vallée des Rois, mise au jour le 4 novembre 1922 par Howard Carter.
Un trésor en tournée mondiale
Entre 1925 et 1932, tous les objets du tombeau de Toutankhamon sont inventoriés, étudiés, puis conditionnés pour être acheminés par le Nil jusqu’au Caire où ils rejoignent le Musée égyptien. Seule la momie du pharaon, replacée dans son sarcophage extérieur en bois doré, demeure dans son tombeau de la Vallée des Rois. À partir des années 1960, certaines pièces du trésor sont largement prêtées pour des expositions à grand succès à travers le monde entier, contribuant à la renommée posthume de Toutankhamon. L’exposition montée au Petit Palais à Paris en 1967 accueille ainsi le nombre impressionnant de 1,2 million de visiteurs. Après une nouvelle tournée mondiale dans plus de dix grandes capitales (dont Paris au printemps 2019) qui a procuré de nouveaux fonds pour financer la construction du musée, les chefs-d’œuvre du tombeau de Toutankhamon ont définitivement rejoint le Grand Musée égyptien. Ce trésor exceptionnel ne devrait désormais plus sortir d’Égypte.
Ouverture de l’exposition Toutankhamon et son temps au Petit Palais à Paris, avec de gauche à droite : Christiane Desroches-Noblecourt (commissaire générale de l’exposition), Christian Fouchet (ministre de l’Éducation nationale), Saroite Okacha (vice Premier ministre égyptien) et André Malraux (ministre de la Culture), 16 février 1967. © AGIP, Bridgeman Images
Un ensemble fabuleux
Le tombeau du jeune souverain renfermait 5 398 objets destinés à accompagner le défunt dans son voyage vers l’au-delà : ensemble exceptionnel de sarcophages, lits funéraires, trône recouvert de feuilles d’or et orné de pierres précieuses, fauteuils incrustés d’ébène et d’ivoire, vases et brûle-parfums en albâtre, mais aussi statues de toutes tailles, chars, modèles de barque, bouclier, arcs et flèches, trompettes en argent doré, sans oublier plus d’une centaine de bijoux, des sceptres et cannes de cérémonie, des sandales, des gants en lin brodés de soie… L’œuvre la plus célèbre demeure le grand masque funéraire constitué de 10,32 kg d’or massif, serti de lapis-lazuli, de cornaline, de quartz, d’obsidienne, de turquoise et de pâte de verre coloré. Ce mobilier composé d’extraordinaires pièces d’orfèvrerie et de joaillerie n’a pas encore livré tous ses secrets. Il semble avoir été créé à l’origine, au moins partiellement, pour une reine, peut-être Mérytaton, sœur aînée de Toutankhamon qui aurait brièvement régné après le décès de leur père Akhénaton.

Masque funéraire de Toutankhamon. Or et pierres semi-précieuses. XIVe siècle avant notre ère. Photo D.R.
Les « trompettes de guerre », l’autre malédiction de Toutankhamon ?
Après le décès soudain de lord Carnarvon, qui avait encouragé et financé les recherches de Howard Carter, puis les disparitions brutales de plusieurs personnes, ayant participé à l’ouverture du tombeau de Toutankhamon, la rumeur d’une malédiction du pharaon s’est rapidement répandue. Malgré les déclarations de Howard Carter, affirmant que « toute personne saine d’esprit devrait rejeter avec mépris de telles inventions », ces récits, entretenus par la presse à sensation, ont contribué à créer un véritable mythe autour du défunt.
Une nouvelle légende s’est ensuite forgée autour des trompettes découvertes dans l’antichambre du tombeau du jeune pharaon. Ces instruments de musique, apparus au Nouvel Empire, étaient employés dans un cadre militaire mais aussi lors de cérémonies religieuses. Leur pavillon figure une fleur de lotus et leur décor comporte également les représentations de trois divinités majeures du panthéon égyptien, Rê-Horakhty, Amon et Ptah. Lors des expériences acoustiques menées au printemps 1939 au Musée égyptien, leur timbre « rauque et puissant » auraient provoqué une panne de courant et plongé le bâtiment dans l’obscurité. Il n’en fallut pas plus pour leur attribuer des propriétés maléfiques, et notamment celle de déclencher la guerre. D’autres coïncidences de dates auraient été relevées : des expérimentations sonores auraient été menées sur les trompettes en 1967 avant la guerre des Six-Jours, puis en 1990 avant la guerre du Golfe et en 2011 avant la révolution égyptienne…

Expérience acoustique menée en 1939 sur les trompettes de Toutankhamon. © akg, FAF Toscana – Fondazione Alinari per la Fotografia
Les barques de Khéops
Parmi les autres merveilles du Grand Musée égyptien figure la barque solaire en bois retrouvée en 1954 en 1 224 morceaux, dans une immense fosse au sud de la pyramide de Khéops et préservée grâce à un pavage hermétique de dalles en calcaire prises dans un mortier gypseux. Il fallut plus d’une dizaine d’années pour parvenir à reconstruire cet exceptionnel témoignage de la construction navale égyptienne remontant à environ 2650 avant notre ère. L’embarcation, longue de 43 m, a été construite en bois de cèdre du Liban. Les solives constituant la quille, longue de 23 m, pèsent 4 tonnes. Assemblée à l’aide de cordages, selon une méthode spécifique ne nécessitant ni clou ni cheville, l’ensemble comporte plusieurs cabines et baldaquins soutenus par des colonnes à chapiteaux en forme de palmes et de boutons de lotus. La proue et la poupe étaient aussi sculptées en forme de fleurs de lotus. Douze rames, dont les plus longues pouvaient servir de gouvernail, ont également été mises au jour.

Transport de la barque funéraire de Khéops entre Le Caire et le Grand Musée égyptien en 2021. Photo D.R.
Un transport délicat
Cette structure aurait-elle réellement servi à transporter sur le Nil la dépouille du pharaon Khéops lors de ses funérailles ? Cette hypothèse suscite toujours le débat. Faisant symboliquement référence au voyage du souverain défunt dans l’au-delà et à sa renaissance, la barque est liée au cycle du dieu solaire Rê, voguant chaque nuit jusqu’aux profondeurs du monde inférieur avant de reparaître à l’horizon chaque matin. Longtemps exposée dans un musée spécialement conçu au pied de la pyramide de Khéops, celle-ci est arrivée en 2021 au Grand Musée égyptien. La minutieuse opération de transport à travers le plateau de Gizeh a duré plus de deux jours afin de préserver au mieux cette œuvre extrêmement fragile. Elle a été rejointe par une seconde barque, découverte en 14 000 morceaux dans une fosse voisine, qui a récemment fait l’objet d’un remontage partiel.
Un chantier pharaonique
« Vingt années de travaux, autant que pour la construction de la Grande Pyramide », résume le directeur du musée à propos du gigantesque chantier. Envisagé dès les années 1990, le projet de créer un nouveau musée est relancé en 2002. Un grand concours international est alors organisé sous l’égide de l’Unesco, tandis que commençaient des travaux pharaoniques pour excaver l’extrémité du plateau de Gizeh. Il s’agissait d’établir les fondations du futur musée dans un dénivelé en contrebas des pyramides afin d’inscrire parfaitement le bâtiment dans le paysage sans altérer le panorama. Parmi les 1 557 propositions venues d’agences d’architecture originaires de 83 pays est retenu le projet de l’agence Heneghan Peng qui compte parmi ses réalisations les plus récentes le réaménagement de la National Gallery d’Irlande et la création du Storm King Art Center à New York. Les travaux, ralentis à cause de la crise financière de 2008, interrompus à la suite de la révolution de 2011, relancés en 2014 puis à nouveau arrêtés par l’épidémie de coronavirus en 2020, ont finalement été achevés en 2023. Après le transfert des œuvres, le musée a ouvert partiellement à l’automne 2024, mais l’inauguration officielle a été repoussée à plusieurs reprises avant d’être finalement fixée au 1er novembre 2025.
Vue de la galerie 1 du Grand Musée égyptien. © GEM
Entouré d’un jardin de 12 ha planté de palmiers, destiné à produire un microclimat favorable, le musée est également doté d’un grand centre de recherche scientifique et de nombreux laboratoires de restauration. Cette nouvelle vitrine muséale de l’Égypte, sur laquelle s’appuie toute une politique de promotion touristique visant à faire revenir les voyageurs, comprend également une trentaine de boutiques, cafés et restaurants. L’aménagement d’un nouvel aéroport, le Sphinx International Airport, permet désormais aux visiteurs d’arriver directement sur le plateau de Gizeh sans passer par Le Caire.
Obélisque suspendu exposé devant l’entrée du musée. Règne de Ramsès II, provenant de Tanis. © GEM
Une nouvelle ère
En révélant ainsi au public de nombreuses œuvres exceptionnelles, étudiées et restaurées dans son centre de recherche scientifique, le Grand Musée égyptien se présente comme le symbole d’une nouvelle ère pour la préservation et la mise en valeur du patrimoine antique égyptien.

Vue de la galerie 3 du Grand Musée égyptien. © GEM
Grand Musée égyptien (GEM), Alexandria Desert Road, Kafr Nassar, Al Haram, Giza. Tél. 00 20 2 353 17344 et www.visit-gem.com





