Une église baroque corse, un manoir normand, l’unique vestige de la demeure d’un célèbre couturier : quels sites départementaux bénéficieront du Loto du patrimoine 2025 ?

Mis en vente depuis le 1^er septembre, les tickets du Loto du patrimoine offrent la possibilité de remporter jusqu’à 1,5 million d’euros, opération prolongée par huit autres tirages entre le 8 et le 22 septembre. Les 102 lauréats se joignent ainsi aux 18 sites remarquables sélectionnés plus tôt cette année. Coup de projecteur sur cinq d’entre eux.

Demeure emblématique du Pays d’Auge, le manoir de Coupesarte impressionne le visiteur grâce à ses douves, souvenir de la présence antérieure d’un monument fortifié. Se déployant sur deux ailes datées des XV^e et XVII^e siècles, la bâtisse normande, endommagée par un bombardement ayant détruit les écuries en août 1944 et restaurée par le grand-père des propriétaires actuels, menace aujourd’hui de s’effondrer. En cause, des fissures affectant le pignon de l’aile du XVII^e siècle, des infiltrations dans les colombages ou encore la dégradation alarmante d’une échauguette. Les travaux, engagés au début de l’année pour sauvegarder la structure du manoir, devraient s’achever en 2029.

Le manoir de Coupesarte ceint par les douves. Photo service de presse. © Alain Reignault

Dominant le maquis environnant et perchée sur un promontoire face à la mer, l’église Saint-Cyprien est unique en Corse. De style pisan, l’édifice construit au XVI^e siècle présente une façade baroque à double colonnade sur deux niveaux, une caractéristique unique sur l’île qu’elle emprunte à l’église Sainte-Suzanne de Rome. Il est aujourd’hui urgent d’intervenir pour sauvegarder ce joyau du patrimoine architectural et religieux cap-corsin menacé par une fissure traversante qui fragilise le corps du bâtiment. Aujourd’hui entièrement consacrée au culte, l’église pourra servir de cadre à des événements culturels une fois sa restauration assurée.

L'église Saint-Cyprien à Morsiglia. Photo service de presse. © Fondation du patrimoine / Myphotoagency – Marie-Gabrielle Duong

Actuellement à l’honneur dans une remarquable exposition qui s’apprête à fermer ses portes au Petit Palais, le créateur Charles Frederick Worth (1825-1895) avait élu domicile à Suresnes, en 1864, dans une demeure qui fut rasée 66 ans plus tard au bénéfice de la construction d’un hôpital. N’en subsiste de nos jours que le portail, amputé de sa partie droite et orné de gastéropodes. Dégradé par le temps et envahi par la végétation, il témoigne du goût éclectique de son commanditaire dont on célèbre le bicentenaire de la naissance cette année. Une fois sa restauration achevée, le portail sera mis en valeur par un programme d’événements culturels organisés sous l’égide du musée d’Histoire urbaine et sociale de Suresnes.

Le portail aux escargots est situé avenue Franklin Roosevelt à Suresnes. Photo service de presse. © Ville de Suresnes / Yazid Menour

Dominant le centre-bourg de la commune de Chaource, cette halle de style Baltard fut construite en 1888 afin de remplacer l’ancien bâtiment à pans de bois, une décision qui s’inscrivait dans l’élan de modernisation des halles alimentaires à la fin du XIX^e siècle. Elle accueille de nos jours le marché hebdomadaire mais aussi des événements plus ponctuels comme la foire du 1^er mai ou le marché de Noël. L’édifice tient un rôle majeur dans la vie locale du bourg et de ses habitants, rôle mis en péril par le mauvais état des éléments de sa structure en acier et en fonte, des couvertures et des sols et murs en mortier. Les travaux, qui devraient débuter l’an prochain, concerneront en priorité la charpente métallique et les éléments extérieurs. 

La Halle de Chaource. Photo service de presse. © Les Pépites de France

Sise dans l’enceinte verdoyante du Jardin des Plantes, cette demeure aristocratique érigée à la toute fin du XVII^e siècle par Pierre Bullet, architecte de Louis XIV, fut autrefois le lieu de résidence des directeurs du Muséum national d’Histoire naturelle, à l’instar de Buffon et Georges Cuvier. Classé en 1993 au titre des Monuments historiques, l’hôtel présente aujourd’hui des dégradations qui mettent en danger sa structure même. Une restauration est nécessaire pour assurer la préservation et pérenniser le statut patrimonial et scientifique de cet édifice qui a abrité, entre 2008 et 2017, le Cabinet d’Histoire du Jardin des Plantes.

L'hôtel de Magny est niché au cœur du Jardin des Plantes. Photo service de presse. © Muséum national d’Histoire naturelle