Bientôt sous le marteau : les ventes aux enchères à ne pas manquer en septembre 2025

Élisabeth Louise Vigée Le Brun (1755-1842), Allégorie de la Poésie (détail). Huile sur toile, 80 x 65 cm. Signée et datée ‘Melle Vigée / 1774’ en bas à gauche. Estimé : 80 000/120 000 €. Photo service de presse. © Artcurial
Les collections du commissaire d’exposition et mécène Daniel Abadie, du peintre Antonio Seguí ou encore de la famille Stern sont dispersées en cette rentrée. Avis aux amateurs !
Les Francs-Tireurs de l’art chez Tajan
La maison Tajan rendra hommage à l’art brut et à l’art naïf à travers une vacation intitulée « Les Francs-Tireurs de l’art ». Ce rendez-vous dont ce sera le 3e opus rassemble des artistes inclassables, singuliers, presque toujours autodidactes et étrangers aux beaux-arts. On pourra y découvrir une gouache de l’énigmatique Déserteur, Saint Joseph, Saint Jean de 1867 (20 000/30 000 €). On sait peu de chose de son auteur Charles Frédéric Brun, qui parcourut les vallées alpines suisses dans les années 1840 avec ses images religieuses populaires pour tout bagage. La vacation mettra aussi en avant un collage sur papier de Jean Dubuffet de 1972 (10 000/15 000 €) illustrant le procès de l’artiste contre la Régie Renault, à la suite d’un différend entre les deux parties sur la commande d’un immense jardin-sculpture qui ne vit jamais le jour.

Jean Dubuffet (1901-1985), Couple de figures, 1972. Collage et feutre sur papier. Signé et dédicacé « à jacques Robine » en haut à droite. Estimé : 10 000/15 000 €. Photo service de presse. © Adagp, Paris, 2025
Vente Paris, Tajan, le 22 septembre 2025 à 15h. www.tajan.com
Le musée intime d’Antonio Seguí chez Millon
L’artiste peintre argentin Antonio Seguí (1934-2022) était passionné par les arts premiers. La maison Millon dispersera près de 200 pièces d’arts d’Afrique, d’Océanie et précolombiens dévoilant sa fascination pour les formes et les présences venues d’ailleurs. Acquis dès les années 1950, sculptures, masques, fétiches ou objets rituels surpeuplaient les pièces de la singulière Maison Raspail à Arcueil, ancienne demeure du scientifique et homme politique du XIXe siècle François-Vincent Raspail. Il aimait élaborer des mises en scène par ethnies (armée de statues Mumuyé dans la chambre, masques Bamiléké aux murs du salon, fétiches Téké à la cave…). Parmi les pièces les plus remarquables, notons une Maternité Gourou (Côte d’Ivoire, début du XXe siècle, 30 000/50 000 €) et une Tête rituelle Kuyu (Congo, fin XIXe, 30 000/50 000 €).

Masque Epa Yoruba (détail), Nigéria, début du XXᵉ siècle. Bois, pigments naturels, métal, H. 119 cm. Estimé : 10 000/15 000 €. Photo service de presse. © Millon
Vente Paris Drouot, Millon, le 22 septembre 2025 à 14h. www.millon.com
Tout l’univers d’une malouinière aux enchères
La dispersion des collections de la malouinière du Bos, superbe demeure du XVIIIe siècle située au bord de la Rance, aux portes de la ville de Saint-Malo, sera orchestrée par Artcurial au moment de FAB Paris. La vente qui compte 280 lots regroupe tableaux anciens, sculptures, mobilier et orfèvrerie ainsi que des objets caractéristiques des propriétés de grands armateurs malouins. Ainsi la malouinière du Bos recèle-t-elle de nombreux trésors ayant trait aux voyages et à la marine, tel un canon de marine du début du XIXe siècle rapporté d’Extrême-Orient et portant l’inscription « Fendre la montagne » en caractères chinois (8 000/12 000 €). L’esprit malouin, tourné vers la découverte du monde, se manifeste dans un ensemble d’objets scientifiques permettant la mesure de l’espace et du temps : une paire de globes anglais du milieu du XIXe siècle (6 000/8 000 €) ou encore un télescope écossais par Thomas Morton de la même époque (5 000/8 000 €). Dans le domaine de la peinture ancienne, le XVIIIe siècle est particulièrement mis à l’honneur avec une délicate Allégorie de la Poésie de la main d’Élisabeth Vigée Le Brun (80 000/120 000 €) et La jeune espiègle peinte par François-Hubert Drouais (100 000/150 000 €), présentée au Salon de 1771, évoquant la légèreté de l’enfance, sujet très en vogue à cette époque.

Élisabeth Louise Vigée Le Brun (1755-1842), Allégorie de la Poésie. Huile sur toile, 80 x 65 cm. Signée et datée ‘Melle Vigée / 1774’ en bas à gauche. Estimé : 80 000/120 000 €. Photo service de presse. © Artcurial
Vente Paris, Artcurial, le 23 septembre 2025 à 14h30. www.artcurial.com
Hommage à la dynastie Stern chez Christie’s
C’est également au moment de FAB Paris que Christie’s a choisi d’organiser la vente d’une large sélection d’œuvres provenant de la collection Stern, grande famille de banquiers depuis le XIXe siècle. Comme les Rothschild à qui ils sont d’ailleurs liés, les membres de la dynastie Stern ont été aussi des mécènes et des collectionneurs. Conservés dans l’intimité familiale et donc inédits jusqu’à ce jour, les 350 lots reflètent les goûts de plusieurs générations dont les protagonistes furent Edgard Stern (1854-1937), alors à la tête de la branche parisienne, sa belle-fille Alice (1906-2008), et deux de ses petit-fils, Gérard (1927-2013) et Philippe (1938-2023). Féru de peinture ancienne, Edgard Stern s’est concentré sur les maîtres hollandais du XVIIe siècle ainsi que sur les meilleurs représentants français du Siècle des Lumières, tels que Jean-Baptiste Pater, Jean-Honoré Fragonard et Hubert Robert, dont la paire de toiles consacrée aux fontaines d’eau constitue le lot phare de la vente (300 000/400 000 €). Ces trésors étaient exposés dans son hôtel particulier de l’avenue Montaigne à Paris ou au château de Villette dans l’Oise, acquis en 1900 et où se tenaient des fêtes fastueuses. Alice, l’épouse de son fils Maurice, était quant à elle versée dans l’art verrier et les céramiques, rassemblant un très bel ensemble de pièces de Gallé, Daum et Jean Dunand. L’orfèvrerie fait également l’objet d’une large section du catalogue car Gérard Stern et son épouse Brigitte Noetzlin furent de grands amateurs d’orfèvrerie française des XVIIe et XVIIIe siècles. Scrutant les ventes aux enchères, ils firent l’acquisition de pièces provenant de collections prestigieuses (Meyer de Schauensee, Jules Strauss ou encore David-Weill). Parmi les plus significatives, notons un pot-à-oille richement décoré, attribué à Robert-Joseph Auguste, éminent orfèvre des rois Louis XV et Louis XVI (80 000/120 000 €), dont le pendant est conservé au musée Nissim de Camondo.

Attribué à Robert-Joseph Auguste (1723-1805), pot-à-oille, son couvercle, son présentoir, sa doublure et sa cuillère en argent, 1784 et 1786. Estimé : 80 000/120 000 €. Photo service de presse. © Christie’s Images Limited 2025
Vente Paris, Christie’s, le 25 septembre 2025 et en ligne du 15 au 26 septembre. www.christies.com
Une collection muséale à l’encan
Figure incontournable de la vie culturelle parisienne, Daniel Abadie (1945-2023) fut l’un des plus grands commissaires d’expositions de sa génération. À l’origine de manifestations majeures au Centre Pompidou, telles que « Paris-New York » en 1977 ou « Les années 50 » (1988), il fut le soutien de nombre d’artistes contemporains ainsi qu’un ami fidèle. Son regard avisé et pionnier lui permit de constituer avec exigence une collection personnelle d’exception. Parmi les œuvres phares de l’ensemble qui sera dispersé chez Christie’s, citons d’abord Standhaft, une aquarelle de 1931 de Wassily Kandinsky qui témoigne de sa fascination pour les avant-gardes historiques (300 000/500 000 €). De la même année, Plans et triangles réciproques, une huile sur panneau de Sophie Taeuber-Arp, fut acquise directement auprès de son mari Jean Arp (200 000/300 000 €). Une sélection de six œuvres très diverses d’Alberto Magnelli (Homme à la bouteille, 1914, Paysan au repos, Coordination, Peinture 227 et deux Compositions sur boîte de cigares) illustre l’amitié qui liait l’artiste italien et l’historien d’art. Enfin, tout un groupe d’œuvres de Claude et François-Xavier Lalanne figure en bonne place dans la collection car Daniel Abadie fut l’un des premiers à louer la poésie et l’inventivité de ce duo d’artistes, leur consacrant une monographie dès 2008.

Wassily Kandinsky (1866-1944), Standhaft, 1931. Aquarelle, plume et encre de Chine et spritztechnik sur papier, 48,5 x 47,6 cm. Estimé : 300 000/500 000 €. Photo service de presse. © Christie’s Images Limited 2025
Vente Paris, Christie’s, le 30 septembre 2025 à 14h. www.christies.com





