Le Parcours de la céramique et des arts du feu rayonne sur la Seine

Tasse jasmin à anse élevée et sa soucoupe à décor en trompe-l’œil, d’un jeté pêle-mêle de bristols aux noms de grands maîtres de la littérature, époque Empire, vers 1805-1810. Marque en rouge au pochoir, H. 9 cm ; D. 14,6 cm. Paris, Blanc & Bleu (Jean-Michel Vivona, invité par La Manufacture). © DR
La 18e édition de cet événement toujours très attendu s’ouvre avec un partenaire de choix, le musée de la Céramique de Rouen et sa célèbre faïence, sans oublier ses collections de Delft, de Nevers ou de Lille et ses majoliques italiennes. Vingt et un exposants, parmi lesquels deux nouvelles galeries, sont présents cette année. Traditionnellement, les invités sont reçus par de grands marchands des deux rives de la Seine. Les passionnés pourront parfaire leurs connaissances au gré d’un cycle de six conférences au Bistrot de Paris et découvrir l’heureux récipiendaire du prix Bernard Palissy parmi les quatre livres en lice.
Rue des Saints-Pères
Au 6bis, chez Wittmann Antiquités, nouveau venu dans le parcours, deux petits chiens en porcelaine émaillée du Japon (vers 1680) prennent des poses dans leur mignonne robe bigarrée kakiemon. Au 13, la galerie Samarcande attend le visiteur avec des dragons en frise sur l’aile d’une coupe en céramique siliceuse à reflets métalliques, conçue en Perse au début du XIIIe siècle. Au 17, chez Bertrand de Lavergne, un chat fixe un papillon au milieu des pivoines, libellule et autres branches fleuries d’un délicat flacon tabatière en verre overlay « cinq couleurs », dont l’une diaprée sur un fond blanc opalescent, venu de la Chine du XVIIIe siècle. Au 21, la Maison Tahissa reçoit W. Shanshan, arrivé de Londres pour montrer la plus ancienne pièce du Parcours, une grande jarre en terre cuite rouge dont les brûlures offrent un décor abstrait datant de la période néolithique, soit environ 3 000 ans avant J.-C.

Grande jarre en terre cuite rouge avec traces de brûlures abstraites sur la surface, Chine, période néolithique (vers 3 000 avant J.-C.). H. 53 cm. Londres, W. Shanshan (invité par la Maison Tahissa). © DR
Rue du faubourg Saint-Honoré
Au 94, la galerie Aveline accueille des invités en nombre. Ainsi, les Munichois Trias Art Experts qui servent le thé et le chocolat dans un bol et une tasse d’un service héraldique doré offert à la reine de France Marie Leszczynska, par Auguste III, électeur de Saxe et roi de Pologne ; ou encore Camille Leprince venu avec une rare tasse litron figurant une vue du Kremlin et de ses environs, en porcelaine dure de Sèvres, émaux et or. On y rencontre aussi les fondateurs de CHTRESOR ART qui ont découvert, pour leur première participation, une assiette de Sèvres du service « beau bleu » à guirlandes de fleurs dont se servit Napoléon Ier aux Tuileries puis à Sainte-Hélène.

Tasse à chocolat et bol a thé avec soucoupes d’un service héraldique doré pour la reine Marie Leszczynska de France, cadeau d’Auguste III, électeur de Saxe et roi de Pologne, Meissen, 1737. Munich, Trias Art Experts (invités par la galerie Aveline). © DR
Rue de Beaune
Au 5, L’Œil du Pélican invite Patrick Mathé qui donne à voir un cache-pot et des vases en faïence à lustre métallique et émail coloré, à décor d’arabesques par Clément Massier, vers 1890. Au 11, Alexandre Piatti reçoit Pierre-Richard Royer qui a découvert un grand vase pansu en faïence polychrome de Venise, vers 1570-1580, provenant des collections de la comtesse Greffulhe, muse de Marcel Proust. Au 13, Dragesco et Cramoisan ont déniché un rare « pot à eau à la romaine » et sa jatte, en porcelaine tendre de Vincennes à fond bleu lapis et décor d’oiseaux volants polychromes, vers 1753-1754. Au 15, Olivier Delvaille reçoit Didier Luttenbacher qui exhibe un grand vase d’une paire au joyeux décor d’aristoloches, bleu et jaune sur fond blanc, en porcelaine émaillée sous couverte, signé par Gabrielle Rault (active entre 1896 et 1915) et daté de l’Exposition universelle de Paris de 1900. Au 20, Christophe Perles présente un bel ensemble en faïence de Saint Clément du XVIIIe siècle, au délicat décor polychrome de paysages exotiques animés sur fond vert amande. Au 24, Laurence Vauclair en profite pour présenter son exposition « Des vignes à la manufacture » avec un grand vase balustre orné de pampres et de têtes de chat, de la Manufacture de Minton. Au 31, La Manufacture invite Jean-Michel Vivona qui redistribue les cartes avec sa tasse jasmin et sa soucoupe à fond rose et or autour d’un décor en trompe-l’œil de bristols aux noms de grands maîtres de la littérature, tels Molière, Virgile ou Cervantes, imaginé par la célèbre manufacture de porcelaine de Dagoty, vers 1805-1810.

Vase pansu en faïence polychrome, à décor végétal enlevé sur fond d’émail bleu et cartouche à saint personnage, Venise, vers 1570-1580. H. 37 cm ; D. 30 cm. Paris, Pierre-Richard Royer (invité chez Alexandre Piatti). © DR
Rue du bac
Au 3, chez Christian Béalu, c’est L’Enlèvement d’Europe qui relate les aventures de la princesse séduite par Jupiter métamorphosé en taureau blanc sous les yeux de deux jeunes femmes assises. Le modèle en porcelaine de Meissen fut créé par J.-J. Kandler et J.-F. Eberlein en 1750 et ce groupe date de 1752, marqué en bleu des deux épées croisées, sous la base.
Quai Voltaire
Au 21, Michel Vandermeersch présente une paire de plats en faïence de Rouen du début du XVIIIe siècle, à décor en camaïeu bleu de lambrequins et de rinceaux fleuris autour des armoiries de Pierre Lebourg, conseiller-accesseur du roi de la vicomté de Pont-Audemer en Normandie. En ses murs, il reçoit une nouvelle fois France Cruège de Forceville, venue du quartier Drouot avec un vase de grand feu à décor abstrait au feldspath en craquelures pailletées d’or, signé René Buthaud (1886-1986), vers 1926.

René Buthaud (1886-1986), vase de grand feu à décor abstrait au feldspath à craquelures pailletées d’or, vers 1924-1926. Signé : RB. H. 32 cm. Paris, France Cruège de Forceville (invitée chez Michel Vandermeersch). © DR
Rue de Verneuil
Au 9, la galerie BJF reçoit James Whitehead, venu du Calvados pour présenter une ravissante coupe à décor dit grain de riz, inspiré de la porcelaine chinoise, réalisée en 1903 par Camille Naudot (1862-1938) qui mit au point une nouvelle pâte tendre lui permettant de reproduire les porcelaines de Sèvres du XVIIIe siècle. Les ajours repercés dans la pâte sont comblés par des émaux transparents coloriés représentant des grappes de raisins, avec des rehauts d’or en relief.
Rue de Lille
Au 15, ne pas craindre de franchir la porte de la galerie Théorème, gardée par une sculpturale chienne au pelage pommelé et parée d’un collier doré, en faïence d’Angoulême signée de la Veuve Sazerac et datée du 14 novembre 1785 ! Son doux regard fait oublier un sourire plein de crocs et ses dimensions imposantes en font une pièce inédite puisqu’on ne connaissait de cette fabrique, qui s’en fit une spécialité, que des lions héraldiques comme celui aux armes de France du musée de Limoges.

Grand chien tacheté en faïence d’Angoulême, signé et daté 1785 sur le tertre. H. 46 cm. Paris, galerie Theorème – Vincent L’Herrou. © DR
« 18e Parcours de la Céramique et des Arts du Feu », du 16 au 20 septembre 2025 au Carré Rive Gauche et Rive Droite. Détails et programme complet sur www.parcoursdelaceramique.com





